Le 12 septembre 1962, le président américain John F. Kennedy s’est fixé pour objectif que l’Amérique envoie des astronautes sur la Lune avant la fin de la décennie.

« Nous avons décidé d’aller sur la lune (…) non pas parce que c’était facile, mais parce que c’était difficile », avait-il alors déclaré, en pleine guerre froide, lors du discours fondateur à la Rice University au Texas.

Soixante ans plus tard, les États-Unis sont sur le point de lancer la première mission de leur programme de retour lunaire, Artemis. Mais pourquoi répéter ce qui a déjà été fait ?

Les critiques se sont intensifiées ces dernières années, comme celle de l’astronaute d’Apollo 11 Michael Collins, qui a accusé la NASA de ne pas voir assez grand en ne visant pas directement Mars.

Mais pour l’agence spatiale américaine, la lune est un préalable avant de s’envoler vers la planète rouge. Voici ses principaux arguments :

– Apprendre à vivre loin –

La NASA veut assurer une présence humaine durable sur la Lune, et les missions durent plusieurs semaines – contre plusieurs jours pour Apollo. Objectif : Mieux comprendre comment préparer un voyage pluriannuel autour du monde vers Mars.

Dans l’espace lointain, le rayonnement cosmique est beaucoup plus intense et constitue une réelle menace pour la santé. L’orbite basse sur laquelle opère la Station spatiale internationale (ISS) est partiellement protégée par le champ magnétique terrestre, ce qui n’est pas le cas sur la Lune.

Le président John Fitzgerald Kennedy lors de son discours d’ouverture de Moon à l’Université Rice au Texas, aux États-Unis, le 12 septembre 1962. (NASA/AFP – -)

Depuis la première mission Artemis, de nombreuses expériences sont prévues pour étudier les effets de ce rayonnement sur les organismes vivants ou pour évaluer l’efficacité d’une chemise anti-radiation.

De plus, si l’ISS est souvent réapprovisionnable, les missions vers la Lune (1 000 fois plus loin) sont beaucoup plus difficiles. Pour éviter d’avoir à tout transporter et ainsi réduire les coûts, la NASA veut apprendre à utiliser les ressources présentes en surface. Plus précisément, de l’eau sous forme de glace, dont l’existence au pôle sud de la Lune a été confirmée et qui peut être convertie en carburant (l’eau est constituée d’oxygène et d’hydrogène utilisés par les fusées).

– Équipement de test –

La NASA veut également tester sur la Lune des technologies qui lui permettront de se développer sur Mars.

Tout d’abord, de nouvelles combinaisons spatiales pour les sorties dans l’espace. Leur développement a été confié à Axiom Space pour la première mission, qui se posera sur la Lune au plus tôt en 2025.

Autres besoins : des véhicules (pressurisés ou non) pour le déplacement des astronautes, ainsi que des logements.

La nouvelle combinaison NASA (OCSS) qui sera portée par les astronautes dans la capsule Orion les envoyant sur la lune dans le cadre du programme Artemis est photographiée ici à Houston, Texas (USA), le 5 août 2022 (AFP - Mark Felix)La nouvelle combinaison de la NASA (OCSS) qui sera portée par les astronautes dans la capsule Orion les envoyant sur la lune dans le cadre du programme Artemis est photographiée ici à Houston, Texas (USA), le 5 août 2022 (AFP – Mark Felix)

Enfin, pour un accès durable à une source d’énergie, la NASA travaille à la création de systèmes portables de fission nucléaire.

Résoudre les problèmes qui se posent sera beaucoup plus facile sur la Lune, qui n’est qu’à quelques jours, que sur Mars, qui peut être atteinte dans au moins quelques mois.

– Étape en route vers Mars –

Un autre volet du programme Artemis est la construction d’une station spatiale en orbite autour de la Lune appelée Gateway, qui servira de relais avant de s’envoler vers Mars.

Tout le matériel nécessaire peut y être envoyé « en quelques lancements » avant que l’équipage ne se joigne enfin à lui pour prendre la route, explique à l’AFP Sean Fuller, qui est en charge du programme Gateway. Quelque chose comme « aller à la station-service pour vérifier si nous avons tout ».

– Ne pas rattraper la Chine –

Hormis Mars, une autre raison avancée par les Américains pour s’installer sur la Lune est de le faire… avant les Chinois.

Là où la course à l’espace faisait rage entre les États-Unis et la Russie dans les années 1960, Pékin est aujourd’hui le principal concurrent. La Chine prévoit d’envoyer des humains sur la Lune d’ici 2030.

« Nous ne voulons pas que la Chine aille là-bas et dise: » C’est notre territoire «  », a déclaré le chef de la NASA, Bill Nelson, à la télévision fin août.

– Élargir les connaissances scientifiques –

Enfin, même si les missions Apollo ramènent près de 400 kilogrammes de roche lunaire sur Terre, de nouveaux échantillons permettront d’approfondir encore notre connaissance de cette étoile et de sa formation.

« Les échantillons collectés pendant Apollo ont changé notre compréhension du système solaire », a déclaré à l’AFP l’astronaute Jessica Meir. « Et ça va continuer avec Artemis. »

Grâce à l’investissement et à l’enthousiasme scientifique générés par ces nouvelles missions, il prévoit également des retombées concrètes sur Terre (technologie, ingénierie, etc.), comme au temps d’Apollo.