pour la première fois de l'histoire, son extinction est à notre portée › - 1

C’est le cancer numéro un, le plus meurtrier. Le cancer du poumon est responsable à lui seul d’environ 5 % des décès en France, soit environ 33 000 décès par an. Ces symptômes sont souvent bénins. Comme il n’y a pas de terminaisons nerveuses douloureuses dans les poumons, la tumeur n’est perceptible que si elle s’est propagée. Essoufflement, infection pulmonaire ? Le cancer est détecté tardivement dans 85% des cas. Métastases.

Cela est devenu encore plus évident depuis la crise du Covid-19. Partout en France, les services de cancérologie voient revenir des patients dont les soins ont été retardés ou annulés, victimes d’arrêts de traitement pendant leur incarcération. Malheureusement, c’était prévu. L’Institut Gustave Roussy prévoit une surmortalité par cancer de 2,5 % par an d’ici 2025, soit 4 000 décès par an.

Et pourtant ce n’est pas fatal. Pour la première fois de notre histoire, nous pouvons affirmer que la quasi-élimination du cancer du poumon est à notre portée. Comme nous l’avons fait collectivement dans la lutte contre le sida, le triptyque « prévention, détection, traitement » peut réduire drastiquement le nombre de cas, alors que les progrès de l’immunothérapie permettent déjà d’améliorer considérablement le pronostic vital aux stades de développement. C’est pourquoi, nous, professionnels de santé, pneumologues, narcologues, chirurgiens ou spécialistes de l’imagerie médicale, appelons collectivement à faire du cancer du poumon notre prochaine Grande Action Nationale.

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L’implication continue des pouvoirs publics est essentielle à notre succès. Depuis février, la Haute administration de la santé (HAS) a elle aussi choisi son camp. Selon son analyse, le dépistage par TDM à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac réduit la mortalité. Il appelle donc à la mise en place de programmes pilotes afin de ne pas retarder l’accès à ces méthodes de vérification.

Grave problème de santé des femmes

Jacques Brel, Pierre Desproges, Johnny Hallyday… Derrière ces hommes qui ont donné un visage à la maladie, le cancer du poumon est en effet devenu un grave problème de santé des femmes. Les résultats de l’étude française KBP-2020, un guide mondial publié par The Lancet, montrent une forte détérioration de la situation : si en 2000 les femmes représentaient 16 % des cas de cancer du poumon diagnostiqués en 2010, alors en 2010 – 24,3 %, et en 2020 – 34,6 %. .Et le pic n’a pas été atteint. En Suède, le nombre de nouveaux cas de cancer du poumon chez les femmes est déjà égal au nombre d’hommes.

Le programme CASCADE, porté par l’APNR depuis le début de l’année, s’attaque directement à cette problématique. En plus d’inciter les femmes de 50 à 74 ans à venir se faire dépister bénévolement (voir comment s’impliquer) pour évaluer les opportunités concrètes, il teste l’apport de l’intelligence artificielle à l’imagerie médicale pour faciliter la détection du cancer en situation réelle. Une imagerie de qualité, rapide et efficace est vraiment essentielle pour assurer un bon dépistage pour tous, quel que soit le nombre de patients supplémentaires à traiter ou la localisation.

Objectif Génération sans tabac 2030

Dépistage et prévention doivent aller de pair : 90 % des cas de cancer du poumon sont liés au tabagisme ! Et ses actions destructrices vont bien au-delà. Crise cardiaque, artérite, insuffisance respiratoire, bronchite chronique… Les comorbidités causent entre 100 000 et 200 000 décès par an.

Le dépistage doit être l’occasion d’offrir à tous les fumeurs la possibilité d’arrêter de fumer et de rendre possible l’objectif d’une génération sans tabac d’ici 2030. Cependant, ce n’est pas le cas. Le financement se fait rare et nous devons continuer à encourager les outils pour aider les gens à cesser de fumer. Derrière la mode « puff » justement condamnée, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : la nicotine n’est pas cancérigène, contrairement à ce que pensent la plupart des Français.

Les politiques de prévention doivent s’appliquer à tous. Partout dans le monde, moins vous avez de diplôme, plus vous êtes modeste, plus vous fumez. La proportion de fumeurs parmi les titulaires d’un BEP est deux fois plus élevée que parmi les titulaires d’un Bac+2. Il faut les cibler directement, et il y en a plus en région qu’à Paris. Il faut dénormaliser la cigarette, mais sans culpabilité. Vous devez accompagner les fumeurs autant de fois que nécessaire lorsqu’ils veulent « arrêter de fumer ».

De nombreux pays sont en avance sur la France. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Italie ont déjà démocratisé la détection précoce et il est temps de suivre leurs traces. Pas par fierté nationale, mais parce que des dizaines de milliers de vies sont en jeu.

Signataires : prof. Marie Pierre-Revel (Chef du Service de Radiologie de l’Hôpital Cochin), Dr Nicolas Bonnet (Directeur du RESPADD (1er Réseau National de Prévention des Addictions avec 850 établissements)), Pr Marie Wisles (Pneumologue, Responsable du Centre d’Excellence d’Oncologie Thoracique à l’Hôpital Cochin), Dr David Bulat (Chirurgien Thoracique, Hôpital Nord-de-Marseille), Dr Gaspard d’Assigny, Antoine Jomier, Florence Moreau (co-fondateurs d’Incepto, Spécialiste de l’IA utilisée en imagerie médicale).

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