Le nouveau Premier ministre du Parti travailliste australien, Anthony Albanese, a pris ses fonctions lundi et s’est immédiatement envolé pour un sommet international au Japon, où il entend montrer que son pays va changer en matière de lutte contre le changement climatique.

L’ancien chef de l’opposition de centre gauche, âgé de 59 ans, a prêté serment lors d’une brève cérémonie à Canberra devant le gouverneur général australien David Hurley.

Plusieurs membres de son gouvernement sont entrés en fonction en même temps que lui, notamment la ministre des Affaires étrangères Penny Wong, qui l’accompagne à Tokyo.

Moins de 48 heures après la victoire de son parti aux législatives, le nouveau Premier ministre s’est envolé pour le Japon, où il participera mardi à un sommet de quatre pays (États-Unis, Japon, Inde, Australie) et rencontrera séparément ses homologues indiens. Modi et le japonais Fumio Kishida, ainsi que le président américain Joe Biden.

Ce premier voyage officiel à l’étranger est « un bon moyen d’envoyer au monde le message que l’Australie a un nouveau gouvernement », a déclaré M. Albanese lors de sa première conférence de presse en tant que Premier ministre. « C’est un gouvernement qui représente un changement dans la façon dont nous traiterons le monde sur des questions comme le changement climatique. »

Le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese (au centre) entouré de la ministre des Affaires étrangères Penny Wong et du vice-Premier ministre Richard Marles, le 23 mai 2022 à Canberra (AFP – SAID KHAN)

Anthony Albanese a notamment promis d’adopter des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de carbone et de faire de l’Australie une « superpuissance » des énergies renouvelables.

Jusqu’à présent, cependant, il est resté sourd aux appels à la suppression du charbon, qui reste le moteur de l’économie du pays et compte de nombreux partisans travaillistes.

M. Albanese s’est engagé à réduire les émissions de 43 % d’ici 2030. Son prédécesseur conservateur Scott Morisson, avec son scepticisme climatique, a été critiqué pour s’en tenir à l’objectif de -28 % en 2030 par rapport à 2005.

– « Profonde Gratitude » –

Pendant le mandat de M. Morrison, l’Australie a connu des catastrophes naturelles sans précédent : des incendies de forêt qui ont détruit une zone de la taille de la Finlande, des inondations dévastatrices répétées et de longues périodes de sécheresse.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese quitte la résidence du gouverneur général à Canberra après avoir prêté serment, le 23 mai 2022 (AFP - SAID KHAN)Le Premier ministre australien Anthony Albanese quitte la résidence du gouverneur général à Canberra après avoir prêté serment, le 23 mai 2022 (AFP – SAID KHAN)

M. Morrison a toujours montré un soutien inconditionnel à l’industrie du charbon et a été réticent à participer aux négociations internationales sur le climat.

Ce bilan environnemental catastrophique a permis à une vingtaine de candidats indépendants engagés sur les questions environnementales de remporter de nombreux sièges, notamment dans des circonscriptions qui étaient des fiefs de la coalition libérale de M. Morrison.

Les résultats complets n’ont toujours pas été publiés tôt lundi matin, et le résultat est resté incertain dans plusieurs comtés. Avec 75 sièges déjà remportés, le Parti travailliste était à un siège de la majorité absolue à la Chambre des représentants qu’il devait obtenir.

M. Albanese rentrera en Australie mercredi. « Ensuite, nous nous mettrons au travail », a-t-il assuré.

Parmi les dirigeants étrangers qui ont salué l’élection de M. Albanese figurent les dirigeants des nations insulaires du Pacifique menacées par la montée des eaux.

« Parmi vos nombreuses promesses de soutien au Pacifique, aucune n’est plus douce que votre plan visant à donner la priorité au climat. L’avenir commun de nos peuples en dépend », a déclaré le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama.

Le scepticisme climatique de l’ancien Premier ministre australien a empoisonné les relations entre Canberra et ses voisins et alliés du Pacifique.

Au niveau diplomatique, un nouveau gouvernement travailliste est surtout attendu sur le dossier chinois, alors que les relations entre Pékin et Canberra sont particulièrement tendues depuis deux ans.

Les relations avec Pékin « restent difficiles », a reconnu lundi M. Albanese. Mais, a-t-il dit, « la Chine a changé, pas l’Australie. L’Australie devra toujours défendre ses valeurs.