Un peu plus d’un mois après l’ultime présentation de feu Virgil Abloh pour Louis Vuitton, l’opus du créateur pour sa marque personnelle Off-White ouvrait la fashion week automne-hiver 2022 de Paris.

L’événement – qui a été diffusé en direct dans près de 100 points de vente français – était une réalisation poignante du travail acharné qu’Abloh a fourni dans les dernières étapes de sa vie, avant sa mort d’un cancer en novembre 2021. Qu’il suffise de dire que sa touche personnelle était présente dans chaque détail.

Dans les halls chargés de symboles de l’ancienne Bourse de Paris se tenait un spectacle intitulé Spaceship Earth : An Imaginary Experience, censé évoquer les arènes des expositions universelles historiques. Le cadre réunissait visuellement et symboliquement des cultures longtemps tenues distinctes : il y avait une réplique agrandie du lustre de l’historique Hotel Majestic face à un mur de haut-parleurs – complété par une performance de Jeff Mills, pionnier de la techno de Detroit.

Virgile Abloh.
Virgile Abloh. Photograph: Benoît Tessier/Reuters

Cette rencontre de mondes contrastés s’est poursuivie dans le déploiement de trois thèmes entrelacés et étrangement complémentaires : à savoir une exploration du sex-appeal – à travers des minirobes de l’époque bling party girl, des tongs apparentes sortant d’un jean taille basse, dignes de la renaissance actuelle de l’an 2000. S’en est suivi une relecture du tailleur masculin, avec des lignes et des volumes inspirés du skateboard, comme une veste shell en toile, un jacquard graffiti et des blousons travaillés avec minutie. Et enfin, un segment entier a dévoilé la «ligne de vêtements de ski» d’Off-White, qui comprenait des bottes de neige à talons chaton, des pièces techniques et une garde-robe fonctionnelle adaptée aux pistes comme au club. Marchant devant Rihanna, A$AP Rocky et Pharrell Williams, des mannequins brandissaient des drapeaux blancs épelant les mots « tout remettre en question ».

La collection pose la question de l'avenir d'Off-White sans son créateur.
La collection pose la question de l’avenir d’Off-White sans son créateur. Photographie : Pixelformula/Sipa/Rex/Shutterstock

Un coup de théâtre attendait les invités après la première partie du défilé :​ sur le podium, le lancement de ce que le communiqué de presse décrit comme une « collection haute couture Off-White » a eu lieu, consistant en une tentative « aux allures de couture » intitulée « > Qu’une mariée ». Bien que la marque ne détienne pas le titre de haute couture, elle suit l’une des passions de longue date d’Abloh. Il avait auparavant conclu ses défilés avec des robes de couture standard – et choisi de présenter les collections de prêt-à-porter passées lors de la semaine de la couture à Paris.

Chaque look a été intégré à des personnages distincts tels que « la Fangirl », le « New York City Ballet », « la Stripper » ou « la Carrie B ». L’ouverture de la section était « la mariée », enfilant une robe en taffetas de soie blanche, relevée sur le devant pour « évoquer le geste d’une fille remontant sa jupe pour danser lors d’une soirée », portée par Bella Hadid, tenant ses talons dans son mains et coiffé d’une casquette de baseball voilée. Le tulle autoritaire est venu mélangé avec un T-shirt vintage; un bustier brodé de strass était associé à un short et accessoirisé d’un étui à cigarettes brodé BABE. Dans l’univers d’Abloh, la haute couture devient « haute couture » et interroge inévitablement ses contours.

La collection pose la question de l’avenir d’Off-White sans son créateur. La maison a indiqué que personne n’est prévu pour remplacer Abloh, visant une approche plus collective. Récemment, des dirigeants de LVMH (détenteur de l’essentiel de la marque) et de New Guards (le groupe co-fondateur derrière Off-White) ont dévoilé la riche matière laissée par le créateur. Cela, comme cela a été dit à Business of Fashion, permettra « d’exploiter son héritage pour construire une marque de plusieurs milliards de dollars ».