Étonnamment, le taux de cancer de la peau en Bretagne est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Une situation qui inquiète les autorités sanitaires, qui ont lancé une campagne de sensibilisation à ce risque.

« Nous avons connu une augmentation progressive mais continue du nombre de mélanomes en Bretagne ces 30 dernières années : nous sommes trois fois la moyenne française », s’inquiète Elodie Poullin, directrice de la CPAM des Côtes-d’Armor, en charge de coordonner la prévention. dans la région Bretagne.

Par exemple, en juin, la campagne sur les réseaux sociaux « Alerte Breizh » a été lancée sur un ton humoristique et ridiculisé les clichés bretons : « Mets plus de crème solaire sur ta tête que d’huile sur une crêpe » ou « Mets un chapeau rond pour protéger ton crâne d’œuf ». ” .

Selon l’Assurance maladie, cette particularité de la péninsule armoricaine s’explique par plusieurs facteurs : près d’un millier de mélanomes sont diagnostiqués chaque année, et chez les femmes « un excès de mortalité important de 28 % par rapport à la France métropolitaine ».

Sur la plage de Saint Malo en Bretagne à marée haute, le 30 mars 2021 (AFP/Archive – Damien MEYER)

Premièrement, les habitants ont tendance à ne pas se défendre contre le temps parfois frais et nuageux. « Cependant, malgré tout ce qui a été dit (sur le climat breton – ndlr), l’incidence des UV reste importante en Bretagne », explique le dermatologue Luc Sulimovich, président du Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV).

« Les coups de soleil peuvent aussi survenir à des températures plus basses, en termes d’intensité UV de niveau 3, il faut se protéger, et pas seulement à la plage », ajoute Mme Pullin.

Autre explication de cette particularité bretonne : le peuplement. « Nous avons beaucoup de phototype 1 dans la population. Quand on a la peau, les yeux, le teint, la couleur des cheveux clairs, on est génétiquement plus à risque de développer un cancer », souligne Mme Pullin.

Enfin, dans une région aux milliers de kilomètres de côtes, les habitants ont tendance à passer beaucoup de temps à l’extérieur, sans parler du grand nombre d’agriculteurs et de pêcheurs « qui s’exposent en permanence » sans toujours avoir le réflexe d’utiliser de la crème solaire, note Nicole Kochlin. , dermatologue de Montfort-sur-Meu, à l’ouest de Rennes.

Bateaux de pêche amarrés dans le port du Gilvinec en Bretagne, le 3 juin 2020 (AFP/Archive - Fred TANNO)Bateaux de pêche amarrés dans le port du Gilvinec en Bretagne, le 3 juin 2020 (AFP/Archive – Fred TANNO)

– « Enseigner la protection UV » –

Cette augmentation intervient alors que la Bretagne manque de dermatologues capables de dépister le cancer de la peau, qui peut être mortel. « Il y a dix ans, il y avait dix dermatologues à Saint-Brieuc, il n’y en a plus qu’un aujourd’hui. Et sur 120 dermatologues bretons, 30 % partiront à la retraite d’ici cinq ans », précise le Dr Kochlin, élu à l’Alliance régionale de santé. Professionnels (URPS).

Aussi, pour résoudre cette situation, les dermatologues organisent depuis l’été 2021 des téléexamens avec les médecins généralistes. « Il y a un gros problème avec les gens qui ne sont pas visibles. On veut limiter la perte d’une chance, les généralistes prennent une photo et nous l’envoient », explique-t-elle, précisant que nous avons plus d’un millier d’examens télévisés. dans un an.

Cependant, la hausse des cancers de la peau est un phénomène mondial et durable, selon l’Organisation mondiale de la santé, qui a recensé en 2020 plus de 1,5 million de cas de cancer de la peau diagnostiqués et plus de 120 000 décès associés dans le monde.

De manière générale, « les gens sont de plus en plus à l’extérieur et de plus en plus en vacances. La population asiatique se protège du soleil, pas la société occidentale. Tan est synonyme de +je suis parti en vacances+. La population apprend à se protéger des rayons ultraviolets. , appuie M. Sulimovich, soulignant l’importance de la prévention et du dépistage précoce.