La campagne pour l’élection présidentielle française de 2022 a officiellement commencé, avec de nouvelles règles destinées à donner aux 12 candidats une chance équitable d’être entendus par les électeurs.

Le lancement est intervenu alors qu’une dispute a éclaté au sujet de partisans d’extrême droite d’Éric Zemmour criant « Macron assassin » lors d’un rassemblement qui, selon lui, a réuni 100 000 personnes à Paris dimanche.

Valérie Pécresse, la candidate du centre-droit Les Républicains, faisait partie de ceux qui reprochaient à Zemmour de laisser la foule continuer à scander.

« Je combattrai le président sortant de toutes mes forces mais laisser un adversaire être traité d’assassin est dangereux pour la république. Ce n’est certainement pas le bon ! Ce n’est pas ma France », Pécresse tweeté.

Christophe Castaner, président du groupe LREM au pouvoir à l’Assemblée nationale, a déclaré que Zemmour était « irresponsable » d’avoir laissé les chants se poursuivre. L’équipe de Zemmour a déclaré que leur candidat n’avait pas entendu la foule.

A l’ouverture de la campagne officielle, le dernier sondage d’OpinionWay pour le journal financier français Les Echos montrait Emmanuel Macron à 28% des voix au premier tour, suivi de l’extrême droite Marine Le Pen à 21%. Derrière eux Jean-Luc Mélenchon est monté à 14%, avec Pécresse à 11% et Zemmour à 10%.

Les sondages suggèrent que Macron gagnerait confortablement un second tour contre Le Pen, mais d’éminents politologues ont mis en garde les électeurs contre le fait de supposer que le résultat est acquis d’avance et de ne pas voter.

A moins de deux semaines de la fin, Dominique Reynié, le patron de Fondapol, un groupe de réflexion influent, a déclaré que tout pouvait arriver.

Bon nombre des 12 candidats font campagne depuis des mois, mais la dernière quinzaine de jours avant le premier tour du scrutin du 10 avril voit l’introduction de restrictions plus strictes.

Celles-ci incluent un temps d’antenne égal à la télévision et à la radio accordé à chaque candidat, quelle que soit sa performance dans les sondages d’opinion.

Depuis le 1er janvier, les radiodiffuseurs sont uniquement tenus de s’assurer que les candidats bénéficient d’un temps d’antenne en fonction de leur « statut politique », sur la base de leurs récents sondages et des résultats des élections précédentes.

Cependant, à partir de lundi, l’autorité française de l’audiovisuel (Arcom) veillera à ce que chaque candidat – quelle que soit sa position dans les sondages – bénéficie du même temps d’antenne.

Macron a un net avantage avec la France à la présidence de l’Union européenne et ses tentatives très médiatisées de médiation entre la Russie et l’Ukraine. Arcom a déclaré que seules ses déclarations relatives au « débat politique » en France seraient prises en compte et non celles liées à son rôle de président du pays ou de l’UE.

Les candidats sont également invités à envoyer aux électeurs un métier d’était (profession de foi) expliquant pourquoi ils devraient être élus ; les lettres sont payées par l’état. On estime que 100 millions de ces lettres sont distribuées au cours des deux tours de l’élection pour un coût qui devrait dépasser 64 millions d’euros (54 millions de livres sterling). L’État alloue également de l’argent à chaque candidat pour faire une courte émission politique qui sera diffusée à la télévision publique aux heures de grande écoute.

Le lancement officiel de la campagne signifie également que des affiches électorales peuvent être apposées à l’extérieur des bureaux de vote, y compris les mairies, les écoles et d’autres bâtiments publics. Chaque candidat a son propre conseil.

La campagne est mise en pause à minuit le vendredi précédant le vote – c’est-à-dire le 8 avril dans les territoires français d’outre-mer et le 9 avril en France métropolitaine -, période pendant laquelle aucun sondage ou matériel de campagne électorale ne peut être diffusé avant que les résultats du premier tour ne soient connus. Le cycle se poursuit ensuite jusqu’à minuit le vendredi précédant le vote du second tour le 24 avril.