Le gouvernement français va contester une décision du conseil municipal autorisant les baigneurs à porter le burkini – un maillot de bain intégral – dans ses piscines.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que cette décision était une « provocation inacceptable » contraire aux valeurs de la république laïque et a annoncé qu’il chercherait à la bloquer.

La décision du conseil municipal de Grenoble d’assouplir les règles strictes du maillot de bain pour permettre aux gens de s’habiller « comme ils veulent » dans les piscines municipales extérieures, notamment en portant des burkinis ou en nageant seins nus, a rouvert le débat controversé sur la place des symboles et vêtements religieux en France quelques semaines à peine d’une élection législative.

Les critiques voient le vêtement couvrant le corps comme un symbole de l’islamisme rampant et une attaque contre la tradition laïque de la France tandis que certaines féministes souhaiteraient son interdiction complète, considérant le vêtement comme un symbole de l’oppression féminine.

Jusqu’à présent, il était interdit dans les piscines publiques, ainsi que les shorts de bain amples et les tee-shirts, pour des raisons d’hygiène. Les règles actuelles exigent que les baigneurs masculins portent des maillots de bain moulants.

La décision de Grenoble d’autoriser le port du burkini a provoqué la colère des opposants. L’autorité régionale a annoncé qu’elle suspendait immédiatement le financement public de la ville et une enquête a été ouverte par le procureur de la République sur une organisation à l’origine de cette décision.

Laurent Wauquiez, du parti de centre droit Les Républicains et président de la collectivité régionale Auvergne-Rhône-Alpes, a déclaré que Grenoble avait « rompu avec la laïcité et les valeurs de notre République » et s’était engagé dans une forme de « séparatisme ». Il avait accusé le maire local, le représentant Ecologie-Vert Éric Piolle de « faire des affaires avec l’islam politique… pour acheter des votes ».

Piolle a fait face à une opposition féroce contre cette décision et a remporté le vote sur les maillots de bain par 29 voix contre 27, avec deux abstentions après un débat enflammé qui a duré près de quatre heures. Piolle s’est dit ravi d’être attaqué par Darmanin et a déclaré que la décision était « féministe ».

« Tout ce que nous voulons, c’est que les femmes et les hommes puissent s’habiller comme ils le souhaitent », a ensuite déclaré Piolle à la radio RMC.

Grenoble n’est pas la première à autoriser les baigneurs à porter des burkinis dans les piscines municipales ; en 2019, Rennes, dans le nord-ouest de la France, a assoupli son code vestimentaire pour autoriser le maillot de bain intégral et d’autres types de maillots de bain.

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En 2016, les tentatives de plusieurs maires d’interdire le burkini sur les plages de la Méditerranée ont provoqué une querelle nationale et ont finalement été jugées discriminatoires. La loi française de 1905 sur laïcité – qui se traduit approximativement par «laïcité» – autorise le port de symboles religieux dans les lieux publics, y compris les piscines, tant qu’ils n’empiètent pas sur l’hygiène et la sécurité.

Les footballeuses musulmanes en France sont actuellement engagées dans une bataille juridique pour renverser les règles de la Fédération française de football qui les empêchent de porter le hijab. La FFF interdit tous les symboles religieux « ostentatoires » dont la kippa juive pour les matchs de compétition.

Mardi, le parquet de Grenoble a ouvert une enquête sur l’Alliance citoyenne, l’organisation qui a fait campagne pour le burkini après des allégations selon lesquelles elle aurait illégalement « collecté et conservé » des informations personnelles sur les origines ethniques des personnes ainsi que leurs convictions politiques et religieuses. La collecte de telles informations est strictement interdite en France.

Le préfet local, représentant de l’Etat, doit également contester devant le tribunal administratif la décision de modifier les règles vestimentaires de la piscine, affirmant qu’elle contrevient à la fois à la loi de 1905 et à la législation adoptée en août dernier pour lutter contre le « séparatisme » religieux.