Le ministre français de l’Intérieur cherche à dissoudre un groupe « d’extrême droite » soupçonné d’avoir agressé des manifestants antiracistes qui ont participé à un rassemblement électoral organisé par le candidat d’extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour.

Les zouaves, qui soutiennent l’idéologie anti-immigration et anti-islam de Zemmour, seraient à l’origine de la bagarre, survenue il y a huit jours.

Des membres du groupe anti-discrimination raciale SOS Racisme ont été attaqués après être entrés à l’arrière de la salle pour protester contre Zemmour. Le groupe a déclaré qu’il avait l’intention de manifester pacifiquement, mais cinq de ses membres ont été blessés.

Dans un clip tourné cette nuit-là, un homme a été surpris en train de frapper violemment la tête d’une jeune femme qui portait un t-shirt « Non au racisme ». D’autres assaillants ont donné des coups de pied et jeté des chaises sur les manifestants. Après la réunion, la police a déclaré avoir identifié une cinquantaine de personnes liées aux zouaves qui ont posé pour une photo et scandé : «On est chez nous» (c’est notre maison), selon l’AFP.

Dimanche, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré qu’il avait engagé une action en justice pour faire interdire le mouvement des zouaves et espérait que le Conseil d’Etat accepterait l’interdiction.

« J’ai engagé la procédure pour dissoudre ce groupement de fait que sont les Zouaves, qui est un groupe de personnes qui viennent soit du GUD [a former far-right student union] ou Action française, c’est-à-dire des mouvements d’extrême droite bien connus », a déclaré Darmanin aux médias français.

Marion Jacquet-Vaillant, docteur en sciences politiques spécialisée dans les groupes « identitaires » extrêmes, a déclaré que l’organisation Zouaves Paris réunissait « des personnes d’autres groupes pour des actions rapides et violentes ». Certains membres appartenaient également à Génération Identitaire, un groupe « paramilitaire » d’extrême droite que le gouvernement français a interdit en mars.

Jean-Yves Camus, politologue du think tank Fondation Jean-Jaurès, a ajouté que le groupe était « avant tout ultra-violent et ultra-droite ».

« Ils ont de loin l’un des pedigrees les plus violents de tous les groupes d’extrême droite », a déclaré Camus à Ouest-France.

« Leur seule raison d’être est de se battre… se battre contre les antifa, les gauchistes en général, tout ce qui est perçu comme féministe, LGBT, pro-migrants… etc », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que le groupe n’avait pas d’idéologie solide. « Il n’y a pas de références précises, ni de raisonnement intellectuel. C’est un combat pour défendre l’identité française, point final.

Les zouaves sont soupçonnés d’être à l’origine de plusieurs agressions violentes ces dernières années, notamment des attaques contre des supporters de football brandissant des drapeaux algériens à Paris lors de la Coupe du monde 2018 organisée en Russie et contre un journaliste de radio lors d’une manifestation l’année dernière. Ils ont également été liés à des violences lors des manifestations des Gilets Jaunes.

Constitué en quasi-totalité d’hommes dans la vingtaine et la trentaine, les Zouaves n’auraient aucune structure formelle mais gravitent autour d’une dizaine de membres qui se réunissent pour mener des délits de fuite.

Le mois dernier, cinq membres des Zouaves ont comparu devant le tribunal après une attaque contre un bar parisien qui serait fréquenté par des antifascistes où des buveurs ont été attaqués avec des battes de baseball et des gaz lacrymogènes.

Le procureur de la République a ouvert une enquête sur les violences survenues lors de la réunion de Zemmour.

Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, a déclaré à la radio franceinfo : « Il faut soit être saoul de racisme, soit être certain de sa toute-puissance pour pouvoir agir ainsi devant les caméras. C’est absolument étonnant et ça montre ce qu’est ce candidat et quel est le public qu’il attire et qui sont les militants qui s’y sont rassemblés.