La phrase sur M Zola

24 février 1898

Le prétendu procès de M Zola a pris fin hier. Maître Labori terminait son long discours au jury, suivi de M Clemenceau. L’avocat général a alors répondu pour l’accusation et le jury a procédé à la conclusion de son verdict. Après une demi-heure de délibération, ils se sont prononcés contre M Zola sur tous les chefs d’accusation, sans circonstances atténuantes. Le verdict a été reçu par le peuple au tribunal avec le plus grand « enthousiasme ». Lorsqu’un calme relatif fut rétabli, le président rendit son jugement. Il annonce que le tribunal a condamné M Zola à un an d’emprisonnement, et M Perreux, l’éditeur de L’Aurore, à quatre mois. Tous deux ont été condamnés en outre à payer des amendes de 3 000 francs. Les peines sont le maximum autorisé par la loi.

La phrase

24 février 1898

La Norme dit : [The sentence] sera certainement considéré dans ce pays et dans l’ensemble de l’Europe comme sévère, presque vindicatif. Même si une divergence d’opinion peut raisonnablement exister quant à l’équité de la peine, il ne peut y en avoir aucune quant au processus par lequel elle a été rendue. Le gouvernement, le président du tribunal et les témoins à charge s’unirent pour rendre la justice sourde et aveugle. La forme même de l’acte d’accusation n’a jamais laissé libre cours à M Zola, puisqu’elle ne couvrait qu’un pan de sa lettre à L’Aurore. Les témoins convoqués par lui étaient autorisés à s’absenter avec les excuses les plus triviales ou sans excuse du tout. Le président fit peu semblant de maintenir l’ordre et laissa passer les interruptions les plus inconvenantes de M Zola et de son avocat, M Labori, sans même un mot de reproche. Pire que cela, il fermait la bouche aux témoins de l’accusé chaque fois qu’ils abordaient l’affaire Dreyfus, alors que les témoins à charge étaient autorisés à traîner dans Dreyfus, bordereau et tout, un plaisir.
Ceci est un extrait édité.

Edito : M Zola victime d’un procès-spectacle

24 février 1898

La condamnation hier de M Zola à un an de prison va choquer tout esprit généreux. A l’heure où la France est déchirée par des doutes sur l’intégrité des chefs de son armée, des doutes confirmés plutôt qu’étouffés par les efforts du Cabinet, du War Office et des Chambres pour étouffer la discussion, seul M Zola de tous les Français a eu le courage de se présenter et d’accuser le War Office de double jeu, dans le but exprès d’obliger à enquêter sur les faits de l’affaire.

C’était un acte héroïque. M Zola avait tout à perdre – la popularité qu’il a gagnée par des années de labeur et dont, en tant que romancier, il doit dépendre pour sa subsistance, et même sa liberté personnelle. En revanche, il n’avait rien à gagner que la satisfaction d’avoir réparé une erreur judiciaire et tiré un innocent d’une horrible captivité. Pourtant, aux dents du gouvernement et de l’opinion publique, malgré les insultes d’une presse reptile et la violence de la populace, M Zola a pris fait et cause pour Dreyfus et par ses dénonciations virulentes des autorités du War Office a poussé le gouvernement à poursuivre ou, comme il l’a annoncé officieusement il y a longtemps, le punir. Ce n’était pas tout. Lorsque le procès a commencé, il est devenu évident que l’accusé devait être empêché par tous les moyens de prouver sa cause.
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Photographie montrant l'article 'J'accuse' publié dans le journal L'Aurore au musée Dreyfus à Paris.
Photographie montrant l’article ‘J’accuse’ publié dans le journal L’Aurore au musée Dreyfus à Paris. Photographie : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Le scandale Dreyfus : les accusations portées contre le général par M Zola

14 janvier 1898

Dans une lettre adressée au président Faure et publiée aujourd’hui [13 January] par l’Aurore, M Zola accuse ouvertement le Major du Paty de Clam d’être responsable de la terrible erreur judiciaire, dont, dit-il, le Capitaine Dreyfus est victime.

M Zola déclare que les complices du major du Paty sont les généraux Mercier, Billot, De Boisdeffre, Gonse, etc., qui ont cédé aux passions religieuses et aux préjugés nés de esprit de corps. Passant à l’examen de l’acte d’accusation contre le capitaine Dreyfus, M Zola nie qu’un quelconque document ait été produit au dernier moment.
Ceci est un extrait édité. Lire l’article en entier.