Jceux qui ont vu l’étrange comédie Deerskin de Quentin Dupieux, avec Jean Dujardin en cinéaste meurtrier obsédé par la supériorité vestimentaire de sa veste en peau de daim frangée, ou toutes les autres aventures loufoques du cinéaste, sauront à quoi s’attendre cette dernière ébat. Ils peuvent également, à juste titre, ne pas savoir s’ils doivent trouver ses films irrésistibles ou insupportables. Je suis encore indécis à certains égards. Incroyable mais vrai a une prémisse loufoque que Dupieux n’avait très probablement aucune idée de comment développer. Et pourtant, je me suis retrouvé à rire assez souvent. La pure bêtise et l’inutilité zen sont divertissantes. C’est un film avec quelque chose de Charlie Kaufman ou de Spike Jonze ou du début de Woody Allen, mélangé avec une version française des Carry Ons.

Alain Chabat et Léa Drucker incarnent Alain et Marie, un couple de chasseurs de maisons d’âge moyen à qui l’on montre un logement miteux en banlieue. L’agent immobilier rend perplexe le couple en leur montrant avec enthousiasme la particularité de la maison : un trou dans le sous-sol qui, par une bizarrerie intéressante de style Escher, mène à la chambre à l’étage. Vous vous retrouvez plus haut qu’avant. Et pas seulement : le trou du sous-sol a un deuxième pouvoir magique sensationnel qui les étonne. La maison est une merveille métaphysique à un prix abordable. Ils l’achètent et Marie devient obsédée par le « conduit » de leur maison. Pendant ce temps, le proche voisin du couple, qui est aussi le patron d’Alain, a un problème : Gégé (Benoît Magimel) s’est fait installer un pénis électronique à l’aide d’une technologie japonaise non éprouvée et c’est loin d’être sans problème.

La qualité drôle mais exaspérante du film est caractérisée par la façon dont Dupieux laisse tant d’implications non testées et inexplorées. Que se passe-t-il si vous vous trompez de chemin dans le tunnel ? Un réalisateur hollywoodien pourrait être soucieux de marteler ces idées. Pas Dupieux. Il se balance allègrement sur le prochain bâillon stupide. De nouvelles choses se produisent et des développements ridicules se déroulent allègrement dans des montages joyeusement absurdes.

Est-ce une méditation absurde sur les cruautés du vieillissement ? Une satire buñuelienne du monde de la propriété bourgeoise ? Ou juste une histoire de chien hirsute? (Un chien figure en fait, et aussi un chat.) D’une manière ou d’une autre, ce film s’arrange pour être plus regardable que la plupart des offres plus grandes à Berlin, de plus grands noms.

Incroyable mais vrai projeté au festival du film de Berlin.