Des bureaux de vote ont ouvert dans toute la France métropolitaine pour le premier tour d’une élection présidentielle âprement disputée.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont les premiers parmi les 12 candidats à se qualifier pour le second tour dans deux semaines, mais les sondages d’opinion suggèrent que la course sera serrée.

Au cours des dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, a réduit l’écart avec les deux favoris, et les sondages indiquent que le niveau d’abstention jouera probablement un rôle majeur dans le résultat final. Certains analystes ont suggéré que jusqu’à un tiers des électeurs pourraient éviter le scrutin, le nombre le plus élevé en 20 ans.

Parmi les premiers à voter, l’ancien président conservateur Nicolas Sarkozy, suivi peu après par la candidate socialiste, Anne Hidalgo, qui a été la première candidate à voter, vers 8h30 dans un bureau de vote près de chez elle à Paris. 15e arrondissement.

Le premier ministre, Jean Castex, a voté peu après dans les Pyrénées-Orientales, suivi de l’ancien président socialiste François Hollande en Corrèze. Hollande, qui a dirigé la France entre 2012 et 2017, était accompagné de sa compagne, l’actrice Julie Gayet.

Mélenchon, le chef de La France Insoumise (France Unbowed) a fait la queue avec une foule d’habitants attendant de voter dans une école maternelle à Marseille, où il est député local depuis 2017. La candidate de droite dominante Valérie Pécresse a voté peu après en son bureau de vote local dans les Yvelines, à l’ouest de Paris. Fabien Roussel, le candidat présidentiel du parti communiste, a voté dans le nord de la France. Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière (Lutte ouvrière), qui se présente à sa troisième élection présidentielle, a également voté dimanche matin.

Le Pen s’est présentée dans un bureau de vote de la ville de Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, où elle a obtenu 46,5 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Le Pen, qui est le favori pour le vote du second tour, a été accueilli par une foule à l’extérieur et a posé pour des photos avant de voter.

Le candidat de la droite radicale Éric Zemmour et le candidat de l’écologie, Yannick Jadot, ont voté dans différents lieux à Paris. Un autre des 12 candidats, Nicolas Dupont-Aignan du parti de droite Debout la France (Stand Up France), également à sa troisième campagne présidentielle, a voté dans le département de l’Essonne, au sud de Paris.

Marine Le Pen vote à Hénin-Beaumont, France.
Marine Le Pen vote à Hénin-Beaumont, France. Photographie : Sylvain Lefèvre/Getty Images

Environ 48,7 millions de personnes ont le droit de voter lors de la course présidentielle. Le gagnant dirigera la deuxième économie de l’Union européenne et la seule puissance nucléaire de l’UE. Les décalages horaires signifient que le vote a commencé dans les territoires d’outre-mer français à midi, heure de Paris, samedi. En Polynésie française, le nombre d’électeurs qui s’étaient rendus était estimé à 12,34 %, contre 22,24 % à la même époque lors de la dernière élection présidentielle en 2017.

Les principaux enjeux de cette élection ont été le coût de la vie avec des électeurs mécontents de la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, causée principalement par la guerre en Ukraine. Les préoccupations en matière de santé, d’emploi et d’environnement ont également figuré dans les manifestes des candidats. L’immigration a été poussée comme une préoccupation majeure par l’extrême droite Le Pen et son rival de ce côté de la politique, l’ancien journaliste et expert de la télévision Zemmour qui a vu son soutien s’effondrer ces dernières semaines.

Avant le résultat du vote de dimanche, il y a eu une période de « silence électoral » pendant laquelle les candidats ont été empêchés de faire campagne et aucun sondage d’opinion n’a pu être publié pour éviter que les électeurs ne soient influencés dans les heures précédant le scrutin.

La première indication des deux candidats qui seront au second tour sera annoncée à 20 heures, heure française – à la fermeture des bureaux de vote dans les grandes villes – sur la base de décomptes partiels d’un certain nombre de bureaux de vote dans des villes sélectionnées comme un mélange représentatif de France. Aucun résultat n’est attendu avant cette date et, en vertu des règles électorales françaises, aucune estimation n’est autorisée avant cette date, à l’exception du taux d’abstention. La campagne reprend dimanche à 20 heures et se poursuivra ensuite pendant encore deux semaines jusqu’au vote du second tour.

Frédéric Dabi, directeur des sondages d’opinion Ifop, a déclaré au Monde: « Nous avons une campagne étrange qui n’a pas été la même que les autres élections présidentielles. » La guerre en Ukraine, un « manque d’intérêt » et l’absence du débat national habituel qui voit les candidats faire valoir leurs projets avaient laissé de nombreux électeurs désintéressés, a-t-il déclaré.

Macron, qui est resté favori pour remporter le premier tour, est entré tardivement dans la course et sa campagne a été déraillée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il n’a tenu qu’une seule réunion nationale au début du mois. Le Pen a terminé la semaine à quelques points de pourcentage derrière lui.

Les analystes politiques ont averti que le duel Macron-Le Pen prévu pour le second tour pourrait être annulé si l’abstention est élevée. La société de sondage Harris Interactive a suggéré que 70 % des électeurs français ont jugé la campagne présidentielle « décevante ». Environ 20% des électeurs qui ont déclaré avoir décidé pour qui ils voteraient ont admis qu’ils pouvaient changer d’avis, ajoutant à l’incertitude.

Les masques ne sont plus obligatoires en France sauf dans les transports en commun, mais il a été conseillé aux électeurs de porter un couvre-visage si leur bureau de vote est particulièrement achalandé.