Petit à petit, les pouvoirs publics augmentent la pression sur les non vaccinés et sur tous ceux qui n’ont pas encore pris la troisième dose. A partir de ce samedi 15 janvier, toutes les personnes sans rappel sept mois après avoir été doublement vaccinées devront faire désactiver leur pass sanitaire. Un laissez-passer qui ne sera bientôt plus « sanitaire » mais « vaccinal » : il faudra avoir bénéficié d’injections, ou être infecté depuis moins de six mois pour le valider, un test ne suffira plus.

Dans un entretien à L’Express, le Pr Alain Fischer, qui conseille le Gouvernement sur la stratégie vaccinale, insiste sur son « obsession du moment » : l’urgence de ce rappel pour les personnes âgées, pour les protéger et limiter la hausse des hospitalisations programmées pour les semaines à venir. Il explique aussi comment, selon lui, on pourrait atteindre les non-vaccinés, et appelle Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Didier Raoult à cesser « d’instrumentaliser la vaccination ».

L’Express : Olivier Véran a annoncé que le pass santé de plusieurs centaines de milliers de Français pourrait être désactivé ce samedi 15 janvier faute de rappel. Est-ce vraiment la meilleure façon de les inciter à se faire vacciner ?

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Alain Fischer : Ce sont certainement des gens qui font un peu les choses au dernier moment, comme nous tous. La pression qui s’exercera sur eux -et qui s’accentuera avec l’arrivée du carnet de vaccination- devrait les pousser à régulariser leur situation, puisqu’a priori ils ne sont pas opposés à la vaccination.

Ce rappel est très important. Surtout pour les plus de 65 ans, dont 24% ne l’ont pas encore reçu. Les protéger est vraiment une priorité. Les courbes réalisées par Guillaume Rozier sur son site Covid Tracker à partir des données du service des statistiques du ministère de la Santé sont éloquentes : les personnes âgées de 60 à 79 ans vaccinées avec deux doses ont cinq fois plus de risques d’être hospitalisées après avoir été infectées que celles qui l’ont été. ils ont reçu trois doses. C’est la meilleure pédagogie qui existe !

Au bout de six mois, le vaccin ne protège-t-il plus contre Omicron ?

Les niveaux d’anticorps diminuent avec le temps : les données disponibles montrent une protection nulle contre l’infection. Sans rappel, les personnes n’ayant reçu que deux doses sont dans une situation identique aux personnes non vaccinées.

Il reste cependant une immunité cellulaire qui protège contre les formes sévères. Il est aussi incontestablement en déclin, bien qu’il soit aujourd’hui difficile de dire dans quelle proportion. Au lieu de cela, il est sûr d’être beaucoup mieux avec une troisième dose.

« Ce rappel est essentiel pour éviter la saturation des hôpitaux »

Combien de temps faut-il pour que le rappel prenne effet ?

Juste sept jours. Par conséquent, nous pouvons agir immédiatement pour réduire le pic attendu d’hospitalisations dans les semaines à venir. J’en suis presque obsédé. Ce rappel est le facteur clé pour éviter la saturation hospitalière, en complément de la primovaccination. Toutes les études montrent que les non vaccinés sont ceux qui ont les formes les plus sévères. Mais nous connaissons les difficultés pour les atteindre.

Justement, comment avez-vous réagi lorsque vous avez entendu Emmanuel Macron dire qu’il voulait « les emmerder » ?

Je préfère ne pas répondre à cette question. Je ne peux que vous dire comment je vois la situation. Parmi ces 500 000 personnes âgées non vaccinées, on dénombre 10 % de patients atteints de maladies chroniques, 13 % de personnes en situation d’obésité et 30 % de sujets dépendants aux opiacés. Par conséquent, un grand nombre de personnes à risque ne sont pas du tout protégées.

De plus, les taux de vaccination sont plus faibles dans les communes où le niveau de vie est plus bas. Ici, il y a déjà trois facteurs importants qui entrent en jeu – l’âge, la maladie, la précarité – face à une opposition idéologique ou culturelle.

Dans ces conditions, le passé, qu’il soit sanitaire ou vaccinal, va-t-il changer la donne ? Saura-t-il convaincre les hésitants, notamment les plus précaires ?

L’effet incitatif joue probablement moins que pour les plus riches, car ils vont certainement moins au restaurant, voyagent moins, etc. Certes, il y a de vrais anti-vaccins parmi eux, mais la plupart sont hors système. Il faut donc aller vers eux, même si c’est très difficile.

« L’instrumentalisation du vaccin à des fins politiques est totalement condamnable »

En avons-nous assez fait ?

On peut toujours faire mieux. Si nous avions dix fois plus d’acteurs sur le terrain, nous toucherions plus de monde. Mais la mobilisation est déjà forte, à travers les services de santé, les communes, les associations. Ces efforts, conjugués aux effets incitatifs du passé, portent leurs fruits : nous enregistrons actuellement entre 50 000 et 60 000 primovaccinations par jour. Je ne sais pas jusqu’où on peut aller, car les vrais opposants au vaccin représentent une petite fraction de la population.

Qui sont-ils ?

Très souvent les gens se retrouvent au mépris de toutes les autorités, dans un refus de la parole officielle, très hostiles à l’État et au gouvernement en place. Politiquement, ils sont souvent catégorisés comme l’extrême gauche ou l’extrême droite. La moitié des électeurs du Groupe national sont anti-vaccins, et cela se reflète dans le discours des dirigeants de ce parti.

Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon devraient-ils appeler à la vaccination ?

Absolument. L’instrumentalisation du vaccin à des fins politiques n’est pas nouvelle. Mais qu’elle soit l’œuvre d’hommes politiques ou de quelques médecins comme Didier Raoult, cette déviation des enjeux sanitaires est totalement condamnable. Il ne sert pas l’intérêt général.

Que pensez-vous de l’idée mise de l’avant par les autorités québécoises de taxer les récalcitrants?

Cela peut toucher une fraction des riches antivax, mais les plus précaires ne seraient de toute façon pas solvables : on ne peut pas accepter d’argent de quelqu’un qui est en RSA. Nous revenons ici à la question de l’obligation. Je ne suis pas sûr que ce soit efficace. Pour les malades chroniques, les personnes très âgées, tous ceux que j’ai mentionnés auparavant, je ne changerais rien.

« A l’heure actuelle, nous n’avons pas de données pour justifier une quatrième dose »

Certains sont tentés de s’infecter pour éviter d’être piqués. Qu’en penses-tu ?

Sans vaccination ni rappel, compte tenu de la circulation actuelle du virus, ils ont de fortes chances d’être contaminés. C’est une prise de risque, même pour les plus jeunes. De plus, se faire vacciner ralentit un peu la transmission, ce qui permet de protéger les plus vulnérables, notamment les personnes immunodéprimées, pour qui le vaccin ne fonctionne pas bien.

Les plus âgés, parmi les premiers vaccinés, s’inquiètent de ne pas encore avoir la quatrième dose. Que pouvez-vous leur dire ?

Jusqu’à présent, nous ne constatons pas d’augmentation des hospitalisations chez les personnes entièrement vaccinées. Les Israéliens, les seuls à avoir commencé, n’ont pas encore communiqué de données allant dans ce sens. En revanche, les résultats britanniques montrent que trois mois après le rappel, la protection contre les formes sévères reste à 90 %. Il faudra s’en assurer au bout de quatre mois, cinq mois, etc. Les autorités sanitaires de tous les États sont constamment vigilantes sur cette question.

L’idée que l’immunité collective pourrait être possible a récemment refait surface, grâce à l’onde Omicron. Qu’en penses-tu ?

Pendant la vague actuelle, probablement dans six semaines, le niveau général de protection de la population sera assez élevé. Environ 30 millions de Français sont actuellement totalement vaccinés. Ce sera probablement 45 millions d’ici là, sans compter la protection induite par l’infection. Cela contrôlera la circulation du virus.

« Il y aura de nouvelles variantes, mais on peut s’attendre à ce qu’elles soient moins agressives »

Mais en fin d’année dernière, la population britannique était déjà très protégée par les différentes vagues, et pourtant Omicron a pu circuler au Royaume-Uni…

Ce sont deux situations différentes. Omicron présente une résistance partielle à la réponse immunitaire, tout en étant intrinsèquement plus transmissible. En mars, nous devrions avoir une très bonne maîtrise de la vague actuelle. Alors une période de calme devrait s’ouvrir devant nous. Bien sûr, il peut toujours y avoir de nouvelles variantes, mais on peut s’attendre à ce qu’elles soient moins agressives.

Pour quelles raisons ?

Omicron est très différent de ses prédécesseurs. Il a probablement été sélectionné chez un individu immunodéprimé, chez lequel il a accumulé des mutations favorables pour résister à la réponse immunitaire, sans pour autant tuer le patient. Cela sous-entend qu’indirectement, cette évolution lui a fait perdre de la virulence. Nous allons maintenant développer une immunité contre Omicron. Pour qu’une prochaine variante soit sélectionnée, elle devra elle-même être très différente. Et pour qu’il y ait beaucoup de mutations, ce qui, encore une fois, prendra du temps. Encore une fois, vous n’aurez pas à tuer le patient sur lequel il est apparu, ce qui signifie moins d’agressivité. Bien sûr, ce n’est pas une certitude, mais un raisonnement plausible.

L'Express

Certains pays, comme l’Espagne, envisagent déjà d’abandonner le suivi de tous les cas de Covid, mais aussi de lever la plupart des mesures barrières. Vont-ils trop vite ?

Avec le Portugal, l’Espagne est l’un des pays les plus vaccinés au monde. Nous ne sommes pas encore dans la même situation. Au-delà, je pense qu’on ne pourra jamais vacciner 100% de la population. Cela signifie que, au moins à court terme, il sera nécessaire de maintenir les mesures de freinage. A moyen terme, un suivi différent de l’épidémie pourrait être proposé, avec moins de tests et un système de surveillance « sentinelle » similaire à celui de la grippe. Mais en ce qui nous concerne, il est probablement encore trop tôt.

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