Baux illégaux, violations de mouillage, naufrages : Le Parc national des Calanques, joyau naturel protégé près de Marseille, est sujet à une surpopulation marine, qui affecte la tranquillité des lieux, la sécurité des usagers, mais surtout, sa biodiversité.

Sur la mer Méditerranée et ses nuances de bleu, près des rochers et des pins qui composent le merveilleux décor du parc, parfois des dizaines de navires se succèdent au même endroit ou pénètrent dans les zones de baignade.

Pendant l’été et pendant les longs week-ends du printemps, ces loyers augmentent, ce qui perturbe le « calme » qui s’accompagne également de risques sécuritaires, a déploré Nicolas Chardin, directeur adjoint du parc.

Car certains de ces bateaux sont loués illégalement, malgré les règles strictes du Parc National des Calanques qui soumettent à agrément les locations de bateaux par quelques dizaines de loueurs professionnels et limitent les locations entre particuliers à cinq fois par an.

La violation de cette règle « met en danger la vie humaine » et détériore l’environnement, « les hydrocarbures s’infiltrent dans la mer » et les déchets sont éparpillés, en cas de naufrage, comme cela s’est produit deux fois en quelques jours au début de l’été, M. A. Chardin regrette.

La réparation des avaries est à la charge des armateurs des navires, qui peuvent également être traduits devant le Tribunal de Marseille. Le 4 avril, deux loueurs de bateaux ont été condamnés à une amende de 5 000 € et à 3 000 € de dommages et intérêts.

Baignade dans la Calanque de Sougiton à Marseille, le 26 juin 2022 (AFP/Archive – Nicolas TUCAT)

Les propriétaires professionnels non autorisés risquent jusqu’à deux ans de prison, une amende de 100 000 € et la confiscation du navire.

« Les atteintes à l’environnement sont désormais prises en compte par les magistrats », a indiqué à l’AFP le parquet de Marseille. Depuis la création du parc en 2012, le tribunal a adopté une politique pénale « unique et adaptée à cet espace protégé », avec la création d’un « groupe de travail des calanques ».

Résultat : le nombre de procédures annuelles pour cet aspect de la location illégale est passé « d’une dizaine en 2019 et 2020 à 19 en 2021 », selon le parquet.

– Combat « difficile » –

Pour limiter les dégâts, des patrouilles effectuent régulièrement des inspections qui « vérifient le mouillage, la pêche et les activités commerciales » pour le transport des touristes par bateau, a précisé le Parc national.

Mais le combat est « difficile » car « ce sont souvent des usagers de la mer très ponctuels » qui ignorent parfois « les règles de base de la navigation », a dit avec regret à l’AFP un porte-parole de la préfecture maritime.

« Pour nous, avoir un agrément n’est qu’un avantage », précise Jérôme Bonnier, gérant du loueur de bateaux Easy Rent Boat.

« A Marseille, comme ailleurs, il y a des locataires un peu sauvages ou qui racontent des bêtises avec les clients », note-t-il. « Mais le renouvellement annuel de la licence du parc témoigne de la confiance » en son entreprise, a-t-il déclaré.

Si huit bateaux sur dix visitant le Parc National sont des bateaux charters, il est impossible de quantifier la fréquentation régulière des calanques, explique M. Chardin.

En Wow Creek, 30 juin 2015 (POOL/AFP/Archive - BORIS HORVAT)En Wow Creek, 30 juin 2015 (POOL/AFP/Archive – BORIS HORVAT)

Seul un système de surveillance aérienne permettrait de savoir « qu’il y a X centaines de navires dans le parc à l’instant T », explique-t-il : « On peut mettre des éco-mètres sur les pistes, mais pas en mer. »

Certaines criques très touristiques, comme En Wau, sont déjà interdites de mouillage pour réduire leur fréquentation. « Avec le temps, on pourra de moins en moins flotter sur les calanques », prédit Bonier.

Franck, CRS et sauveteur en charge de la surveillance d’une crique près de Marseille, expliquait début juillet à l’AFP son rôle de surveillance des bateaux au niveau des bouées « à environ 300 mètres de la plage » pour s’assurer entre autres du bon mouillage. .

« Nous devons nous ancrer dans le sable, pas dans la végétation », a-t-il rappelé, faisant référence à la posidonie, une plante méditerranéenne endémique importante pour l’écosystème marin mais aujourd’hui en voie de disparition.