Un cinéaste à l’univers macabre
Le style de réalisateur de feu Charles Carson tend indéniablement vers l’inquiétant. Agriculteur de Somerset dont le passe-temps semblait avoir pris le dessus sur sa vie, Carson avait un penchant pour filmer les vaches en train de mettre bas (avec des gros plans sur le placenta). Viennent ensuite les séquences où il enterre son chat, Pandy, dans le verger. « On ne dirait jamais qu’il est mort, pas vrai ? », s’émerveille Carson, en présentant Pandy devant la caméra. Euh, la rigidité cadavérique est un peu un cadeau. Le plus étrange de tout cela sont les photos que Carson a prises de sa mère âgée après sa mort, en la poussant dans un fauteuil roulant autour de la ferme pendant trois jours pour que les vaches lui rendent un dernier hommage. Un voisin se souvient d’avoir croisé le duo : « Ta mère n’a pas l’air en forme. » « Non. Elle est morte. »
Un cinéma sombre mais chaleureux
Voici le verdict de l’une des personnes interviewées dans ce documentaire comblant les vides à propos de l’œuvre monumentale de Carson, A Life on the Farm, un film familial indéfinissable. Carson apparaît souvent devant la caméra, avec cette attitude enjouée mais légèrement décalée d’un animateur de télévision diurne devenu rebelle après quelques gins. Dans le monde de l’art, on le qualifierait d’artiste marginal ; il était autodidacte et son cinéma dégageait une naïveté. On distingue quelques moments comiques à la Monty Python : des squelettes en carton montés sur des vaches ou Carson lui-même tombant de sa tondeuse autoportée.
Le réalisateur du documentaire, Oscar Harding, explique que son grand-père était voisin de Carson dans le village au nom merveilleux de Huish Champflower, et qu’il a découvert A Life on the Farm à six ans. Faire un documentaire intégral sur cet homme et son travail, c’est peut-être un peu abusé. Mais on ne peut pas remettre en question la dévotion de Carson envers son art : lors des funérailles de son frère, il a demandé aux porteurs de cercueil de le laisser ajuster sa caméra avant de poser le cercueil.
- La cinématographie sombre et intrigante de Charles Carson
- Des films de vaches en train de mettre bas et de l’enterrement de son chat
- Les photographies macabres de sa mère défunte
- A Life on the Farm, un documentaire sur l’œuvre inclassable de Carson
- Oscar Harding, réalisateur du documentaire, raconte sa rencontre avec Carson et son film
- Une dévotion sans faille à son art
- La sortie du film en septembre dans les cinémas britanniques