Une forêt pleine de mystères : le film Outpost plonge les passionnés de nature dans une expérience troublante
Dans son premier long métrage, Joe Lo Truglio offre une réponse ferme aux amateurs de bains de forêt, de baignades sauvages et aux autres défenseurs du retour à la nature. Ce solide drame psychologique, agrémenté d’une touche d’horreur, montre que l’immersion dans la nature peut être source de problèmes plutôt que de réconfort. Kate, propriétaire traumatisée d’un café (interprétée par Beth Dover), décide que le remède à son esprit traumatisé réside dans une période de trois mois passés à surveiller une tour de repérage des incendies en pleine nature. Cependant, l’essaim de mouches qui infeste le balcon est un avertissement précoce que la nature peut aussi bien causer des ennuis que du réconfort.
Le film nous plonge dans les souvenirs de Kate, marquée par des cadavres infestés de vers et des agressions physiques. Kate est une double victime d’abus : elle a été victime d’agressions sexuelles dans son enfance de la part de son oncle, et récemment, d’attaques domestiques de la part d’un ex-partenaire. Elle obtient le poste de volontaire dans les montagnes grâce à son amie Nickie (Ta’Rae Campbell) et doit faire des rapports météorologiques deux fois par jour à Earl (Ato Essandoh), le frère de Nickie. Mais ce poste d’ermite est autant un test pour Kate qu’une échappatoire : peut-elle assumer cette responsabilité ? Souffrant de crises de panique et d’hallucinations où elle se croit coincée derrière le comptoir des magasins par les habitants de la ville, elle se réfugie souvent dans sa petite maison pour retrouver son souffle.
La tour d’observation, située sur une crête, sert de symbole efficace pour illustrer un esprit isolé accroché à un objectif fixe. En intégrant les crises psychotiques de Kate dans sa routine quotidienne et en investissant dans son amitié chaotique avec son voisin Reggie (l’acteur vétéran Dylan Baker), Lo Truglio crée une sensation claustrophobique captivante d’un esprit en combat. En réalité, il joue un tour cruel au spectateur : il présente son film comme un drame bien intentionné sur la résilience humaine, pour ensuite basculer dans quelque chose de totalement nihiliste.
Initialement interprété avec une gaieté générale légèrement incongrue, le film bascule ensuite dans une frénésie caricaturale. Mais il s’agit par ailleurs d’une désintégration bien conçue, avec une vision claire du terrain, à la fois extérieur et intérieur.