Le Quotidien du Peuple, l’organe de presse officiel du Parti communiste chinois, rapporte dans son communiqué du mardi 3 janvier 2023, des témoignages d’experts chinois suggérant que la plupart des personnes actuellement infectées par le coronavirus SARS-CoV-2 ne développent que des formes relativement bénignes de Covid-19. 19.

Les preuves sur le terrain contredisent ces affirmations.

« Les formes graves et critiques de la maladie représentent 3% à 4% des patients infectés actuellement admis dans les hôpitaux spécialisés de Pékin », a déclaré Tong Zhaohui, vice-président de l’hôpital Chaoyang de Pékin, cité par le journal.

Pendant ce temps, Kang Yan, chef de l’hôpital Western China Tianfu de l’Université du Sichuan, a déclaré qu’un total de 46 patients avaient été admis dans des unités de soins intensifs au cours des trois dernières semaines, dont environ 1% avec une infection symptomatique. Mais les témoignages sur le terrain contredisent ces affirmations, faisant état d’hôpitaux et de services funéraires surpeuplés pendant deux semaines.

Mardi, les urgences de l’hôpital Zhongshan de Shanghai étaient débordées de patients, pour la plupart âgés, selon un journaliste de Reuters. Certains d’entre eux étaient sur des civières et munis de couvertures, tandis que des dizaines d’autres attendaient de voir un médecin, et il était impossible de connaître la proportion de patients souffrant du Covid-19.

« Nous sommes prêts à améliorer notre communication avec le monde »

L’abandon de la politique du « zéro Covid-19 » début décembre, sous la pression d’une contestation populaire grandissante en Chine, a entraîné une explosion des infections, faisant notamment craindre l’émergence de nouvelles options. La levée prochaine le 8 janvier des restrictions sur les voyages internationaux en provenance de Chine a ainsi incité plusieurs pays la semaine dernière, dont la France, à rétablir les mesures d’assainissement aux frontières pour les voyageurs en provenance de Chine.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a statué mardi que les allégations étaient « tout simplement infondées » et n’avaient « aucune base scientifique ».

« Nous sommes prêts à améliorer notre connexion avec le monde », a déclaré mardi à la presse une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Mais nous nous opposons fermement aux tentatives de manipulation des mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie à des fins politiques et prendrons des mesures adéquates dans différentes situations sur la base du principe de réciprocité », a-t-elle déclaré.

Alors que la fiabilité des données épidémiologiques fournies par la Chine depuis le début de l’épidémie fait déjà l’objet de nombreuses réserves (au total, moins de 5 300 décès ont été recensés depuis fin 2019, contre près de 158 000 en France, par exemple) , la Commission nationale chinoise de la santé a annoncé fin décembre qu’elle mettait fin à la publication des rapports épidémiologiques quotidiens sur les infections et les décès sans explication.

« Le problème de transparence de la Chine persiste »

Ces derniers jours, l’OMS a exhorté à plusieurs reprises les autorités sanitaires chinoises à partager régulièrement des informations précises et à jour sur la circulation du virus et la situation épidémique, notamment le nombre d’hospitalisations, de décès et l’état de la couverture vaccinale.

L’organisation onusienne a spécifiquement invité les scientifiques chinois à présenter des données détaillées sur le séquençage du génome des souches virales circulant actuellement dans le pays lors d’une réunion de son groupe consultatif technique Covid-19 prévue mardi après-midi (heure de Genève, où l’organisation est basée). . Mais les experts disent que ces appels à la transparence ne sont pas plus entendus que les précédents.

« Je ne pense pas que la Chine sera très sincère dans le partage d’informations », a déclaré Alfred Wu, professeur à la Lee Kuan Yew School of Public Policy de l’Université de Singapour. «Ils choisiront soit de ne pas partager (cette information), soit de dire que rien ne s’est passé ou rien de nouveau. A mon avis, on peut supposer qu’il n’y a rien de nouveau (…) mais le problème fondamental est que la question de la transparence de la Chine demeure », a-t-il ajouté.

(Rapport des bureaux de Pékin et de Shanghai, avec la contribution de Farah Master à Hong Kong et d’Emma Farge à Genève ; écrit par Marius Zacharias, version française par Miriam Rivet, édité par Keith Entringer)