Ce mardi, en commission de la défense, les questions concernant les robots tueurs seront posées au ministre compétent. La Belgique devrait engager une lutte internationale avec l’utilisation d’armes autonomes, estiment les auteurs de cette carte blanche.
Blowfish développé par l’industrie militaire chinoise. -DR
EEn Belgique, deux initiatives importantes sont en attente à la Chambre des représentants : une proposition de résolution et un projet de loi visant à interdire les robots tueurs. Ces initiatives devraient inspirer nos parlementaires à faire avancer un monde où la technologie est utilisée pour apporter la paix et la justice, pas pour tuer.
Opinion publique défavorable
Les robots tueurs sont des systèmes d’armes mortelles dotés d’une forte intelligence artificielle, qui leur permet de détecter, d’identifier, de sélectionner et d’attaquer une cible de manière totalement autonome, c’est-à-dire sans aucun contrôle humain. Bien que l’arme n’ait pas encore été utilisée à son plein potentiel, plusieurs experts internationaux en robotique et en intelligence artificielle mettent en garde contre les dangers de son développement. En effet, en faisant confiance à un algorithme capable de traduire potentiellement les biais cognitifs de ses développeurs et d’intégrer des représentations raciales, sociales ou de genre teintées de préjugés et autres représentations construites d’une menace à éradiquer, l’usage de la force (létale) basé sur les informations recueillies par les capteurs comporte le risque d’une plus grande déshumanisation en réduisant les gens à une simple combinaison de uns et de zéros.
De plus, la perte du contrôle humain sur l’usage de la violence nous pose des questions fondamentales. Le droit international sera-t-il toujours respecté ? Qui sera tenu responsable en cas de problème : le concepteur du système, l’entité qui l’a commandé, celui qui l’a déployé ? Comment donner du crédit aux plaignants potentiels ?
UE : Robot tueur, IA Dracula
En Ukraine, des rapports sur l’utilisation de systèmes d’armes pouvant offrir des options de ciblage autonomes démontrent que les robots tueurs ne sont pas un concept farfelu. Outre les dangers éthiques et juridiques qu’ils représentent, ils menacent également l’équilibre international et peuvent également provoquer une dangereuse déstabilisation en Belgique. D’ailleurs, dans le cadre d’un sondage de 2020, 66% des Belges sont favorables à une interdiction des robots tueurs.
occasion manquée
La société civile, les États et l’ONU travaillent depuis longtemps sur cette question. En décembre 2021, lors de la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques de l’ONU à Genève, les États ont eu une occasion cruciale de donner une réponse claire aux préoccupations concernant les robots tueurs. Cela s’est soldé par un échec. Aucun mandat n’a été adopté pour entamer des négociations sur un instrument juridiquement contraignant garantissant un contrôle humain sur l’usage de la force.
Les résultats de la conférence de révision reflètent le blocage d’une poignée d’États, dont les États-Unis et la Russie, mais pas la volonté de la grande majorité d’entre eux, de la société civile ou de l’opinion publique, de la communauté internationale. Après huit ans de discussions, ce revers montre qu’un processus hors Convention est désormais probable, comme cela a déjà été le cas pour les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions. D’ailleurs, il semble que ce soit le seul moyen d’enfin faire de réels progrès.
Que peut faire la Belgique ?
Bien que la Belgique ne ménage pas ses efforts sur la scène internationale, notamment en présidant le Groupe d’experts gouvernementaux chargé de trouver des solutions dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques en 2021, la diplomatie belge n’a malheureusement pas manqué de reprendre les discussions sur un traité international. interdiction des robots tueurs. En mars dernier, après un nouvel échec dans les discussions au titre de la Convention, la Belgique a signé avec 22 autres États une déclaration commune soulignant l’urgente nécessité de règles et de restrictions pour garantir la participation et le contrôle de ressources humaines suffisantes en matière d’usage de la force .
L’interdiction d’utiliser des robots tueurs est devenue une urgence
Cependant, dans le même temps, la position du gouvernement belge a été décrite comme plus attentiste, l’exécutif exigeant désormais des consultations préalables sur la question des robots tueurs au sein de l’OTAN. Sans pouvoir dire avec certitude ce qui explique cela, force est de constater que la guerre en Ukraine a éclipsé les préoccupations liées à la maîtrise des armements. Cependant, plutôt que d’alimenter des ambitions militaristes, ce conflit devrait plutôt nous rappeler l’importance de ce contrôle. L’objectif d’un accord gouvernemental visant à conclure une interdiction internationale des armes autonomes reste le même, sinon plus important, qu’auparavant. L’évolution technologique freine la diplomatie. Se presser.
Aujourd’hui, notre pays devrait envisager de participer au processus de négociation d’un nouveau traité visant à interdire les robots tueurs et à réglementer d’autres systèmes d’armes autonomes. La proposition de résolution parlementaire appelle le gouvernement à jouer un rôle actif dans cette direction. Un projet de loi visant à interdire les robots tueurs en Belgique est également à l’étude. Une interdiction nationale confirmerait le rôle de pionnier que la Belgique a déjà joué dans le passé en interdisant les armes qui causent des souffrances humaines indues. C’est une opportunité que notre pays doit saisir !