Son succès ou son échec pourrait théoriquement changer la face de la Terre comme le nez de Cléopâtre. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, l’agence spatiale américaine (NASA) mènera la première mission de défense planétaire baptisée Dart (Double Asteroid Redirection Test). Objectif : sauver les humains d’un destin similaire à celui des dinosaures il y a 66 millions d’années lorsqu’un astéroïde a frappé la péninsule du Yucatan (Mexique) avant de provoquer leur extinction, ainsi que l’extinction de 75 % de la vie sur Terre.

Crash en direct pour découvrir un nouveau monde

« Pas de panique, il n’y a pas de telles menaces identifiées dans le siècle à venir, mais on parle de faire une démonstration technologique visant à changer l’orbite d’un astéroïde », explique Nancy Chabot, planétologue du laboratoire. Physique Appliquée à l’Université Johns Hopkins de Baltimore (USA). Concrètement, la sonde, lancée en novembre 2021 par la fusée Falcon 9 de Space X, s’approche de l’astéroïde Didymos et à environ 11 millions de kilomètres de la Terre, elle arrivera mardi pour percuter son petit satellite naturel (Dimorphos) à une vitesse de 6 kilomètres par seconde. (23 000 kilomètres à l’heure). « Ceci est incroyable. Spectateurs comme scientifiques, nous allons tous découvrir un nouveau monde en même temps, car, finalement, nous savons peu de choses sur les astéroïdes, si ce n’est leur incroyable variété », éclaire Patrick Michel, astronome de l’Observatoire. La Côte d’Azur, aussi colorée que passionnée, travaille à cette mission depuis bientôt… dix-huit ans !

Impossible de prévoir l’impact

Jusqu’à présent, la sonde américaine a déjà largué le nanosatellite LicicCube pas plus gros qu’une boîte à chaussures, chargé de prendre des photos avant et après impact. « Une demi-heure avant cela, nous devrions commencer à faire la distinction entre un astéroïde et son petit satellite. Nous en apprendrons plus sur leur forme. centre de Dimorphos, dont le diamètre n’est que de… 160 mètres », précise Ian Carnelli de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le résultat reste également déroutant, car les scientifiques ignorent la composition interne de la petite étoile : la poussée pourrait provoquer une petite collision, une simple déformation, un cratère, voire la détruire.

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« Nous avons des indices fournis par des missions précédentes comme la station japonaise Hayabusa-2 sur l’astéroïde Ryugu ou la collection Osiris-Rex sur l’astéroïde Benu, sans oublier nos modèles numériques, mais il faut reconnaître qu' »à chaque fois que nous » je suis surpris. par les résultats », souligne Patrick Michel. « Ces objets d’une incroyable variété se comportent soit comme des monolithes, soit comme des agrégats poreux de gravats, et tout dépend de leur porosité. » Plus il est petit, plus le cratère sera grand. Mais pour les experts, la collision devrait provoquer une infime déviation, qui est soigneusement étudiée par une trentaine de télescopes au sol. « De toute façon, cette déviation changera peu et en aucun cas Didymos et Dimorphos ne risquaient de devenir dangereux pour la Terre », promet Nancy Chabot. – En revanche, avoir un système binaire comme cible est beaucoup plus intéressant qu’un simple astéroïde. car nous pourrons mesurer avec plus de précision le changement de trajectoire provoqué par l’impact de la fléchette.

L’Europe est prête à aller sur la « scène du crime »

Cependant, l’enquête ne devrait pas s’arrêter là, puisque l’Europe a décidé de prendre part à l’aventure. En octobre 2024, un orbiteur de l’ESA nommé Hera se rendra à son tour à Dimorphos, arrivant fin 2026 voire début 2027, « où il jouera le rôle d’un détective apparaissant sur une scène de crime ». rigole Patrick Michel. Cette mission devait initialement être envoyée avant Dart afin de mieux observer les conséquences, mais les contraintes budgétaires l’ont repoussée. « Ce délai présente plusieurs avantages, comme celui de pouvoir observer le cratère longtemps après la disparition des poussières de l’impact, ou encore de repérer la composition interne de l’astéroïde », explique Ian Carnelly, responsable d’Hera à l’ESA.

Le petit navire, d’un coût de 130 millions d’euros, emportera deux cubesats. Le premier dispose d’un imageur thermique pour fournir des données sur la composition et la poussière, tandis que le second sondera l’intérieur de l’astéroïde à l’aide d’un radar basse fréquence. « Les trois véhicules évolueront à une trentaine de kilomètres du système binaire et effectueront une série de manœuvres pour se rapprocher le plus possible de la surface », insiste Michael Kuppers, le scientifique en charge du projet Hera. Et à la fin de sa mission, l’un des cubesats tentera de se poser sur Dimorphos, et Hera tentera de faire de même sur Didymos. « De manière générale, il est nécessaire de mieux comprendre les processus de collisions entre les étoiles du système solaire, qui sont à son origine et continuent de se produire loin de la Terre : 90 % des objets géocroiseurs proviennent de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter », se souvient Patrick Michel. « Nous devons donc améliorer nos modèles numériques. »

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Menace importante

Mais l’objectif principal de la mission Dart est « d’évaluer la technologie permettant de développer des dispositifs capables de dévier la trajectoire d’un astéroïde s’approchant de la Terre ». [NDLR : qui passe près de l’orbite terrestre] qui menaceront la Terre », rappelle Nancy Chabot. Les plus grands sont répertoriés et contrôlés depuis près de vingt-cinq ans, et la chance d’en voir un de plus de 10 kilomètres de diamètre se diriger vers nous est nulle même en millions d’années. un cataclysme ferait disparaître la Terre. Mais même de « petits » astéroïdes comme Dimorphos pourraient effacer une surface équivalente à… l’Europe de la surface du globe ! Il en resterait 15 000 au catalogue, tant que la NASA a augmenté son budget de détection, à 50. Les Américains pragmatiques savent aussi qu’il est urgent de développer des armes pour les dévier. Up, Armageddon ou Deep Strike ne doivent pas être complètement ignorés. Décidément, le fantasme peut facilement devenir réalité.

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