Des dalles de parking entièrement en plastique recyclé qui permettent de stocker l’eau de pluie pour la restituer au sol : dans le Territoire de Belfort, une start-up entend verdir un secteur notoirement polluant en proposant un produit « recyclable indéfiniment ».

Matinée pluvieuse à Giromagny, près de Belfort. Des ouvriers s’affairent à l’extérieur d’une école primaire où ils réparent le stationnement. Mais ici, sans bitume, la mairie a choisi les dalles de l’entreprise locale Purple Alternative Surface : de grands hexagones noirs de cinq kilogrammes chacun, posés sur le sol de la terrasse. L’assemblage simple donne l’impression d’un puzzle géant semblable à une grille en nid d’abeille.

Appelée « Purple Solo », cette dalle présente les caractéristiques suivantes : elle est perméable à l’eau de pluie, entièrement en plastique dur, généralement destinée à être enterrée ou brûlée. Avec elle vient la pierre concassée, synonyme d’artificialité du sol et qui ne laisse pas passer la pluie.

« Il y a un espace de 5 mm entre chaque dalle qui va permettre à l’eau de s’infiltrer dans le sol », explique Pierre Quinonero, co-fondateur et directeur commercial de Purple Alternative Surface. La startup, créée en 2019, est basée à Cravence, dans la banlieue de Belfort, où elle compte six salariés.

De plus, les dalles sont creuses et peuvent retenir 40 litres d’eau par m2 puis revenir progressivement au sol, poursuit M. Quinonero.

– « Faire évoluer notre cœur de métier » –

Du plastique recyclé à l’usine Plaxer de Rumersheim-le-Haut, Haut-Rhin, le 9 septembre 2022. (AFP – FREDERICK FLORIN)

Pour le recyclage du plastique, un accord a été passé avec les déchèteries de la Haute-Sauna voisine, « où nous recyclons +le plastique dur+ » (jouets, coquillages, etc.) puis le transformons « en matière première pour nos poêles », explique-t-il. . ancien pilote moto, éphémère leader du rallye Paris-Dakar en 2001.

« Rigides », qui font partie des « trois millions de tonnes de plastique qui ne sont pas recyclées chaque année car ce serait trop difficile ou trop cher », note-t-il au passage.

Le plastique collecté est recyclé par Plaxer, partenaire de Purple Alternative Surface, spécialiste du plastique situé à Rumersheim-le-Haut (Haut-Rhin), à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Belfort.

« Notre réseau s’étend sur 100 km à la ronde, entre la Haute-Saône et la Haute-Rennes, de la collecte à la fabrication des planches », précise Pier Quinonero.

Dans une ligne, les plastiques sont fondus et injectés dans un moule qui leur donne leur forme finale.

« Aujourd’hui, nous polluons fortement l’environnement avec des déchets plastiques », admet Bruno Caudron, CTO de Plaxer. Cette entreprise de 35 salariés « est un gros acteur dans le monde de la plasturgie et nous fabriquons beaucoup de pièces automobiles. Nous voulions faire notre part dans le recyclage, nous voulons améliorer notre cœur de métier, alors nous avons décidé d’accompagner Purple », explique-t-il.

Les plastiques, dont le pétrole est l’ingrédient principal, sont en effet régulièrement émis du fait de leur action polluante, tout comme les microplastiques qui envahissent la planète des océans aux sommets des montagnes. Et si le recyclage a clairement ses mérites, il a aussi ses limites car l’industrie continue de produire en masse de nouveaux plastiques.

– « Peser la transition écologique » –

Usine Plaxer à Rumersheim-le-Haut, Haut-Rhin, le 9 septembre 2022 (AFP - Frederick FLORIN)Usine Plaxer à Rumersheim-le-Haut, Haut-Rhin, le 9 septembre 2022 (AFP – Frederick FLORIN)

Pier Quinonero veut toujours croire aux vertus environnementales de Purple Solo : « Nous voulons vraiment avoir un impact sur la transition écologique. A chaque fois qu’on fait trois places de parking (avec cette dalle), on arrive à recycler une tonne de plastique. il a dit.

Sans compter que Purple Solo, dont la durée de vie est estimée à 30 ans, est pratiquement recyclable « à l’infini » : « Nous avons un système de consigne : lorsque nous vendons un parking, nous récupérons les dalles abîmées pour les réutiliser, en fabriquer de nouvelles. .

La start-up de Belfort, qui a reçu la norme Afnor Economie Circulaire, est prometteuse : « Nous avons vendu les premiers poêles en avril. Nous y avons plus d’une centaine de clients » pour des commandes échelonnées jusqu’en 2024. se félicite son co-fondateur qui prévoit de construire « 6 500 m2 » de parkings d’ici 2022 et « 50 000 m2 » d’ici 2023.