La gomme arabique nécessaire à la production mondiale de boissons gazeuses provient de l’acacia des zones arides du Soudan, où l’arbre résiste à des températures de plus en plus extrêmes, mais où les agriculteurs ont actuellement du mal à se développer.

La gomme d’acacia est « un arbre important pour lutter contre la désertification car elle tolère la sécheresse et améliore la fertilité des sols, ce qui est essentiel pour augmenter la production agricole », explique Fatma Ramli, coordinatrice nationale de la Fédération des producteurs de gomme arabique, qui compte sept millions de membres. .

Fabriquée à partir de la sève durcie de l’acacia, la gomme arabique est un émulsifiant presque indispensable pour l’industrie mondiale. Cet ingrédient naturel est utilisé dans tout, des boissons gazeuses aux chewing-gums en passant par les produits pharmaceutiques.

Selon l’Agence française de développement, c’est la fierté du Soudan, qui est le premier producteur mondial de gomme arabique avec 70 % des ventes.

Le chewing-gum a même donné au Soudan, sous embargo international depuis des décennies, une exemption spéciale de la part des États-Unis, dont les industries alimentaires et pharmaceutiques l’aiment trop. C’est vraiment un ingrédient essentiel… Coca-Cola !

Mais pour récolter la précieuse sève, une personne doit endurer les mêmes conditions climatiques extrêmes que l’acacia, l’un des arbres du monde les mieux adaptés à la sécheresse et au changement climatique.

« Nous travaillons des heures sous le soleil brûlant » pour finir par « gagner juste assez pour acheter de l’eau avant la saison des pluies », explique Moussa à l’AFP.

– Double montée en température –

Un Soudanais utilise un long outil en bois avec une lame de métal tranchante pour récolter la gomme arabique d’un acacia dans un champ à l’est d’El Obeid, la capitale de l’État du Kordofan du Nord, le 9 janvier 2023. (AFP-ASHRAF SHAZLI)

Selon l’Agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, au Kordofan, l’augmentation des températures enregistrées est le double de la moyenne mondiale, soit deux degrés supplémentaires en moins de trente ans.

Les gens luttent pour faire face au climat aride et à la désertification. Les fluctuations des cours mondiaux de la gomme arabique s’ajoutent à la sécheresse.

Par conséquent, de nombreux agriculteurs choisissent de couper leurs acacias et de les vendre pour la production de charbon de bois pour un revenu plus stable, ou pour travailler dans les mines d’or à proximité. Il en a été de même pour quatre des cinq fils d’Abdelbaki Ahmed, qui ont préféré le dur labeur de l’exploitation minière à l’entretien des acacias de leur père.

Il en est de même pour Abdallah Babiker : ses trois fils préfèrent creuser le sol à la pioche que grimper dans les acacias. « Ils veulent des emplois qui paient plus », explique l’homme de 72 ans.

Face à cette situation, le Soudan, qui a exporté 88 000 tonnes de gomme arabique en 2021 pour une valeur de 110 millions de dollars, s’emploie à remplacer les acacias abattus pour le bois de chauffage ou la construction, selon la Banque centrale.

– Ceinture en gomme arabique –

« Nous avons essayé de replanter des arbres dans des zones en déclin et d’empêcher la réduction de la ceinture de gomme arabique », explique Mme Ramley, qui travaille pour le département soudanais des forêts, faisant référence à cette zone d’environ 500 000 kilomètres carrés qui s’étend du Darfour, une région soudanaise limitrophe du Tchad, à Gedaref, près de l’Éthiopie.

Jus de gomme arabique sur une branche d'acacia dans un champ à l'est d'El Obeid, la capitale de l'État soudanais du Nord Kordofan, le 9 janvier 2023. (AFP - ASHRAF SHAZLI)Jus de gomme arabique sur une branche d’acacia dans un champ à l’Est d’El Obeid, la capitale de l’Etat soudanais du Nord Kordofan, le 9 janvier 2023. (AFP – ASHRAF SHAZLI)

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a récemment fourni 10 millions de dollars au Département des forêts pour aider les producteurs d’acacia à maintenir leurs moyens de subsistance. Cette aide vise également à financer la Grande Muraille Verte, un méga-projet qui doit recouvrir d’arbres la bande africaine du Sahel à la Corne de l’Afrique afin d’endiguer le désert toujours grandissant.

« La sécheresse est l’un des plus grands défis pour les habitants » qui vivent là où pousse l’acacia, explique à l’AFP Madani Ismail, professeur assistant à l’Institut d’Etat pour la recherche agricole.

Abdelbaki Ahmed, qui coupe l’écorce de ses acacias depuis plus de 30 ans, en sait quelque chose pour en retirer le liquide, qui durcit rapidement en boules froissées de couleur ambrée.

« C’est ma famille qui m’a appris (ce) dur labeur », raconte à l’AFP un homme de 52 ans qui possède près de 30 hectares d’acacias plantés dans le village de Botey.

Mohammed Moussa a enseigné son métier à ses enfants, « même s’ils n’étaient pas intéressés. Au moins comme ça, s’ils n’ont rien d’autre, ils peuvent l’utiliser.