La sonde Danuri, développée par le Korea Aerospace Research Institute (KARI), est en orbite autour de la Lune depuis un peu plus d’un mois. Il s’agit de la première mission KARI à aller au-delà de l’orbite terrestre. C’est aussi la première phase du programme d’exploration lunaire mis en place par l’Institut. L’engin est équipé de six instruments scientifiques, dont trois caméras, qui offrent désormais des images spectaculaires de notre planète et de sa lune.

La sonde Danuri, initialement nommée Korea Pathfinder Lunar Orbiter (KPLO), est un projet développé en collaboration avec la NASA. Il a été lancé début août depuis Cap Canaveral, en Floride, à bord d’une fusée SpaceX Falcon 9. L’engin est entré en orbite lunaire à la mi-décembre; Depuis lors, il scanne la surface de notre satellite pour déterminer les meilleurs sites d’atterrissage pour les futures missions – des données qui seront utilisées à la fois par le KARI et la NASA dans le cadre de leur programme Artemis.

Cet orbiteur de 678 kg, équipé de deux panneaux solaires, est avant tout un démonstrateur technologique dont les résultats permettront à la Corée du Sud de mieux préparer ses futures missions d’exploration. Danuri devrait rester en orbite lunaire à une altitude d’environ 100 km pendant 11 mois. En plus de créer une carte topographique précise, l’orbiteur est chargé de compiler une liste des ressources lunaires disponibles et de cartographier la répartition spatiale des éléments (glace d’eau, uranium, hélium-3, etc.).

Six charges utiles pour remplir sa mission scientifique

Parmi les instruments embarqués figurent trois caméras : LUTI (LUnar Terrain Imager) et PolCam (caméra polarimétrique) de production coréenne, ainsi qu’une ShadowCam fournie par la NASA.

L’imageur LUTI est une caméra haute résolution (< 5 mètres) censée photographier la surface lunaire pour identifier les sites d'atterrissage potentiels. La caméra polarimétrique grand angle (PolCam) est chargée d'obtenir des images polarimétriques de toute la surface lunaire, à l'exception des régions polaires, avec une résolution spatiale moyenne ; ces images serviront à caractériser en détail le régolithe lunaire. ShadowCam doit évaluer la réflectivité des zones ombragées en permanence aux pôles pour identifier d'éventuels dépôts de glace d'eau.

Le KARI vient de transmettre les toutes premières photographies prises par la sonde lors de son transit et depuis sa mise en orbite. Les images sont exceptionnelles. La sonde a notamment pris une série de 15 images montrant le mouvement de la Lune autour de la Terre ; ses images ont été prises le 25 septembre en trois heures à une distance d’environ 1,54 million de kilomètres.

© CARI

Le navire a également pris deux photographies impressionnantes de la Terre s’élevant au-dessus de l’horizon lunaire. Nous pouvons distinguer chaque détail de la surface cratérisée. Ces images ont été prises deux jours après l’entrée de la sonde en orbite lunaire.

image terre surface lune sonde danuri

Une image de la Terre et de la surface lunaire prise par Danuri le 28 décembre 2022 à une altitude de 124 km. © CARI

Atterrissage sur la Lune prévu pour le début des années 2030

En plus des imageurs, la sonde Danuri est équipée d’un spectromètre KGRS (KPLO Gamma Ray Spectrometer), dont le rôle est d’identifier tous les produits chimiques présents à la surface et de déterminer leur répartition spatiale. Il comprend également un magnétomètre (KMAG pour magnétomètre KPLO) ; les données recueillies par l’instrument permettront de comprendre l’évolution du champ magnétique lunaire et de caractériser les ondes électromagnétiques près de la surface.

Enfin, des équipements de communication sont également à bord pour tester la technologie « réseau tolérant la latence ». Nous parlons de tester les performances d’un réseau informatique avec des retards de plusieurs minutes – une sorte d’Internet interplanétaire. La mission scientifique devrait officiellement démarrer le 23 février.

Ainsi, après le Japon, la Chine et l’Inde, la Corée du Sud devient le quatrième pays asiatique à mettre en place un programme d’exploration spatiale. A noter que le KARI développe également ses propres fusées pour offrir à son pays un accès indépendant à l’espace. La première fusée, le Korea Satellite Launch Vehicle 1 (KSLV-1), développé conjointement avec la Russie, a effectué son dernier vol en 2013.

D’autre part, KSLV-2 a été entièrement développé par la Corée du Sud. Son premier vol, effectué en octobre 2021, s’est soldé par un échec ; mais en juin 2022, lors d’une deuxième tentative, l’engin est entré avec succès en orbite terrestre, faisant de la Corée du Sud le 11e pays à placer un satellite en orbite à l’aide d’un lanceur fabriqué localement. L’Institut spatial sud-coréen prédit un alunissage au début de la prochaine décennie. Cette mission impliquera un orbiteur, un atterrisseur et un rover.

CARI