Le satellite représente une « révolution en hydrologie », a déclaré Selma Churchali du Centre national de la recherche spatiale (CNES) lors d’une conférence de presse mardi. Les observations seront « 10 fois plus précises que la technologie actuelle ». Le décollage a eu lieu vendredi à 11h46 GMT depuis la base aérienne américaine de Vandenberg à bord d’une fusée SpaceX Falcon 9.

SWOT pourra mesurer la hauteur des océans

SWOT (pour Surface Water and Ocean Topography) commencera sa mission scientifique après six mois de tests et d’étalonnage, et les données collectées seront mises en ligne et accessibles à tous. Ou l’échange à travers l’atmosphère entre ces immenses réservoirs que sont les océans et l’eau qui coule sur Terre. Le satellite pourra mesurer la hauteur des océans et de ces masses d’eau douce sur 90% de la surface de la planète, qu’il couvrira intégralement au moins une fois tous les 21 jours.

Alors que seuls quelques milliers de lacs ont été visibles depuis l’espace jusqu’à présent, SWOT pourra en voir des millions – à seulement 250 mètres l’un de l’autre. De plus, le satellite pourra explorer presque toutes les rivières d’une largeur de plus de 100 mètres, y compris le volume d’eau qui les traverse.

Satellite révolutionnaire pour les océans et les lacs (AFP – Sophie RAMIS)

Dans les océans, il pourra détecter des courants et des tourbillons jusque-là invisibles. Et sur les côtes, observez le recul des terres provoqué par la montée des eaux. Si la NASA exécute déjà environ 25 missions spatiales pour observer la planète, alors SWOT sera « comme mettre des lunettes » pour mieux voir, a comparé Karen Saint-Germain, directrice des observations de la Terre à la NASA.

Le satellite « prédira mieux quand les inondations se produiront »

D’un point de vue scientifique, SWOT devrait aider à mieux comprendre le changement climatique. Et en particulier, « combien de chaleur et de carbone » les océans peuvent encore absorber, a déclaré Katherine Calvin, conseillère sur le changement climatique à la NASA.

Une fusée SpaceX Falcon 9 lance le satellite franco-américain SWOT le 15 décembre 2022 vers la rampe de lancement de la base de Vandenberg en Californie (AFP - Patrick T. Fallon)Une fusée SpaceX Falcon 9 lance le satellite franco-américain SWOT le 15 décembre 2022 vers la rampe de lancement de la base de Vandenberg en Californie (AFP – Patrick T. Fallon)

« Nous savons qu’avec le changement climatique, le cycle de l’eau s’accélère », a ajouté le scientifique de la NASA Benjamin Hamlington. « Cela signifie qu’il y a trop d’eau à certains endroits et pas assez à certains endroits. Nous voyons plus de sécheresses ou d’inondations graves. (…) Par conséquent, il est important de comprendre exactement ce qui se passe.

D’un point de vue pratique, les données collectées permettront aux communautés locales de mieux se préparer à ces événements ou à l’érosion côtière. Le satellite sera « meilleur pour prédire quand les inondations se produiront », a déclaré Karen Saint-Germain. Et là où l’eau est rare, elle fournira « des informations importantes pour une gestion avisée » de cette ressource.

Premier satellite à tester une toute nouvelle technologie

SWOT est le premier satellite à tester une technologie entièrement nouvelle sur son instrument scientifique phare, appelé KaRIn, développé par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Le signal radar est envoyé vers la Terre, rebondit sur la surface de l’eau et est capté simultanément par deux grandes antennes, fournissant une image en deux dimensions et permettant ainsi de calculer la hauteur de l’eau.

L’assemblage de l’impressionnant satellite (2,2 tonnes) a eu lieu en France et a duré 14 mois. Initialement, la mission devrait durer trois ans et demi, mais il est probable qu’elle durera jusqu’à cinq ans et même « de nombreuses années », selon Thierry Lafont, chef de projet SWOT au CNES. Une mission longue sera critique « car nous aurons besoin de ces données pendant longtemps ».