Des êtres vivants filmés vingt-quatre sur vingt-quatre dans une pièce avec plusieurs caméras équipées de micros. Le concept rappelle une bonne vieille émission de téléréalité. Pourtant, nous sommes en 2022 dans une grange située en Loire-Atlantique. Ici, les vaches ont remplacé les candidats qui avaient besoin d’être mis en avant. Et il ne s’agit plus d’obtenir le maximum d’Audimat, mais d’améliorer le bien-être et d’augmenter la production de lait.

« En faisant en sorte que les animaux se sentent bien, les éleveurs peuvent augmenter leur productivité de 20 % », explique Quentin Garnier, gérant et co-fondateur de la startup AIherd à Nantes. « Aujourd’hui, c’est leur plus grand levier pour la croissance économique. » Et pour mener leur bétail au nirvana, ils n’hésitent pas à s’équiper de systèmes de plus en plus sophistiqués.

Celui vendu par AIherd est basé sur une intelligence artificielle (IA) capable de déchiffrer des images en temps réel. Sur l’écran de son ordinateur, Quentin Garnier nous montre les algorithmes en action : à côté de chaque vache identifiée par la caméra, des capsules colorées indiquent un certain état. Voici un animal en chaleur. Il y en a un autre qui boite. « Avec un outil comme celui-ci, nous pouvons identifier très tôt les problèmes auxquels les agriculteurs sont confrontés. Pas besoin de technologie infrarouge ou de pesée d’animaux. Assez de travail d’IA », explique l’entrepreneur.

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Prédire les pathologies

Les bovins ne sont pas les seuls soumis à un examen minutieux de cette manière. L’analyse d’images est également utilisée dans les élevages de porcs et de poulets. « En collaboration avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), nous avons développé un système de suivi individuel des poulets. Nous calculons des indicateurs de bien-être prenant en compte la nutrition, l’environnement, la santé et le comportement. se traduit par un ou plusieurs critères : nombre de mangeoires et de pipettes disponibles, surface par animal, etc. », précise Pauline Krich, chef de projet Elevage de Précision à l’Institut Technologique Poultry, Rabbit and Fisheries.

L’intelligence artificielle utilisée dans la gestion des animaux vise également à prédire l’apparition de maladies. « A l’aide de simples microphones, on peut déjà identifier la bronchite infectieuse des jours avant l’apparition des symptômes », explique le chercheur. Certes, il faudra encore tester l’efficacité de cet outil en conditions réelles. Mais cette étude est encourageante. Similaire à ce que l’Inrae a fait sur les porcs. « Nous faisons fonctionner l’IA avec des spectrogrammes, c’est-à-dire des images de sons. Chacun d’eux correspond aux émotions positives ou négatives de l’animal. Aujourd’hui, les algorithmes peuvent les reconnaître avec une efficacité de 91 % », explique Céline Tallet, l’éthologue qui fait le travail.

Avec de tels outils, les sélectionneurs ouvrent certainement de nouvelles perspectives. De quoi faire oublier les excès de l’élevage intensif et les souffrances infligées à certains animaux ? « Dans l’esprit des gens, le bien-être des vaches ou des poulets dépend nécessairement de l’utilisation des pâturages. Cependant, vous pouvez trouver des animaux très bien traités dans une ferme fermée typique. Par exemple, il existe de très grandes exploitations en Allemagne et au Luxembourg. avec des sols en caoutchouc pour éviter les douleurs dans les jambes, une literie parfaitement ajustée… », répond Quentin Garnier.

Donnez le choix aux animaux

« Il ne faut pas systématiquement opposer les deux modèles », précise Alain Boissy, éthologue INRAE ​​et directeur du Centre national de référence pour le bien-être animal (CNR BEA). Atteindre une bonne condition physique et mentale dépend de nombreux critères. Certes, l’expression intérieure du comportement naturel de l’espèce est plus difficile à satisfaire (95 % des élevages porcins se font en bâtiment, d’un mètre carré en moyenne par animal). Mais à l’extérieur, lutter contre les maladies, les aléas climatiques ou les attaques de prédateurs est plus difficile.

« L’idéal serait d’avoir un système où les animaux pourraient choisir de sortir ou de se mettre à l’abri selon leurs besoins ou leurs intentions », conclut l’expert. C’est ce type de pratique qui fait l’objet d’études en France et pourrait se développer dans les années à venir. « On assiste à des changements dans la pratique », constate Rafael Guatteo, enseignant-chercheur à l’école vétérinaire Nantes Oniris. « Pendant longtemps, nous nous sommes davantage préoccupés de bien-être que de bien-être. température…) sans trop tenir compte de leur point de vue. C’est maintenant. »

Le changement peut même être observé dans les supermarchés, où des étiquettes ont été introduites informant les consommateurs sur le bien-être animal. « Pour le moment, cela ne s’applique qu’aux poulets, et seuls les bons élèves donnent leur note, qui va de A (meilleur) à E (pire). Cependant, ce système sera bientôt appliqué aux porcs et nous espérons qu’il deviendra obligatoire à l’avenir », explique Louis Schweitzer, président de l’association de protection des animaux Etiquette à l’origine de l’initiative.

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Tout le monde ne peut pas atteindre le niveau A, prévient l’ancien président de Renault. De plus, le développement du bien-être entraîne des surcoûts qui ne peuvent pas toujours être répercutés sur le consommateur. À tout le moins, ces nouvelles méthodes offrent plus de transparence. « A la télévision, on voit surtout les documentaires chocs de l’association L214. De plus en plus d’éleveurs se disent : « Quand on fait du bon travail, on peut aussi le faire savoir », note Rafael Guatteo. « Des outils comme l’intelligence artificielle ou les robots peuvent aussi amener plus de jeunes à l’élevage », explique Pauline Krich. Entre grippe aviaire et flambée des prix des matières premières, la profession peine à faire rêver.

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