Le gouvernement français prévoit de nationaliser le géant français de l’électricité endetté EDF dans un contexte de crise énergétique généralisée aggravée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a déclaré mercredi la Première ministre française, Elisabeth Borne.

L’État français détient désormais une participation de 84 % dans l’entreprise, l’un des plus grands producteurs d’électricité au monde. Les actions d’EDF, qui a récemment subi une série d’arrêts de réacteurs nucléaires et d’autres problèmes, ont bondi sur l’actualité.

« Nous devons avoir un contrôle total sur notre production d’électricité et nos performances », a déclaré Borne en exposant les priorités de son gouvernement dans son premier grand discours au Parlement français. « Nous devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la guerre (en Ukraine) et aux défis colossaux à venir… C’est pourquoi je vous confirme l’intention de l’Etat de détenir 100% du capital d’EDF. »

L’annonce est intervenue alors que la France et l’Europe se bousculent pour trouver d’autres sources d’énergie afin de réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russes au milieu des craintes d’une urgence énergétique l’hiver prochain.

EDF gère l’important parc français de réacteurs nucléaires, confronté à des problèmes techniques et autres. Les réacteurs de nouvelle génération ont des années de retard et des milliards de plus que le budget.

EDF a réalisé un chiffre d’affaires de 84,5 milliards d’euros (86 milliards de dollars) l’an dernier et 5,1 milliards d’euros de bénéfices, et dessert des dizaines de millions de clients en France et dans plusieurs autres pays. Elle a été partiellement privatisée au début des années 2000.

La hausse du cours de l’action EDF était un signe évident que les investisseurs s’attendent à ce que le gouvernement paie une prime pour racheter les actions restantes. Les actions ont atteint un niveau record en 2007, mais ont depuis glissé de 90 %, tombant encore plus bas que le prix auquel le gouvernement français a introduit EDF en bourse en 2005 dans le cadre d’une poussée de privatisation de l’UE.

La France a beaucoup investi dans l’énergie nucléaire lors des chocs pétroliers des années 1970 et dépend des centrales atomiques pour environ 70 % de son électricité, plus que tout autre pays.

Mais EDF a dû à plusieurs reprises réduire ses prévisions de production au cours des derniers mois après une série d’arrêts de réacteurs pour maintenance et inspections. Plusieurs réacteurs ayant des problèmes de corrosion des canalisations sont à l’étude.
Borne a décrit la décision de nationalisation comme faisant partie d’une stratégie visant à acquérir la « souveraineté énergétique » et à construire « une France plus forte dans une Europe plus indépendante ».

« Nous ne pouvons plus compter sur le gaz et le pétrole russes », a-t-elle déclaré. « Nous gagnerons notre souveraineté grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables.