Un thriller canadien tourné à l’Île-du-Prince-Édouard

Le réalisateur-scénariste Adam Perry nous offre un drame pesant, tourné presque entièrement par une équipe et un casting canadiens, ce qui laisse penser que le film était surtout destiné à un public local. Perry revisite le classique dilemme moral : le personnage principal, Kevin Doucette (Stephen Oates), trouve une somme importante d’argent abandonné et doit choisir entre le garder ou appeler la police, mais avec une touche distincte de l’Île-du-Prince-Édouard. Les magnifiques paysages ruraux, ponctués de maisons en bois, de miles de plage et de la tradition de la récolte d’Irish moss – un type d’algue – sont judicieusement utilisés, mettant en avant les ancêtres de Doucette, des pêcheurs ramassant des algues avec des chevaux et des chars.

Cependant, on remarque également que la situation géographique a une influence sur les personnages qui se plaignent beaucoup de la monotonie et la difficulté de la vie sur l’île, souhaitant quitter l’endroit. L’influence de l’ascendance irlandaise peut être entendue dans les accents. Si on était amené à juger l’œuvre uniquement à travers le dialogue, on pourrait la prendre pour un film irlandais comme « The Banshees of Inisherin », mais sans l’humour absurde, le dialogue étincelant, les violences inventives, les ânes nains et les chiens mignons et surtout, sans un talent remarquable.


Le protagoniste Kevin, peroxydé et têtu, trouve une grande quantité de dollars canadiens en plastique de couleur vive sur la plage alors qu’il ramasse des algues, et décide de les garder sans se poser de questions sur leur provenance. Cela aurait-il pu être l’argent de gangsters ? Sa femme, Sam (Liane Balaban), elle-même infirmière, enceinte et désireuse d’avoir un berceau pour leur futur bébé, est naturellement suspicieuse lorsque son mari arrive avec un berceau flambant neuf, un nouveau tracteur et un dîner de homard. Elle ne parvient pas à croire que tout cela peut venir de la vente d’algues marines à Omer (Bill McFadden), un marchand qui parle cru et à qui le film est dédié, ayant perdu sa vie après le tournage.

La seule personne sur l’île qui semble avoir un peu de bon sens est la nouvelle policière Susan Crowe (Andrea Bang). Elle subit des insultes racistes voilées des habitants lorsqu’elle tente de distribuer des contraventions. Mais elle aura le dernier mot à la fin. Peut-être que le prochain film de Perry sera dédié à elle et s’inspirera de Fargo, puisque celui-ci rappelle A Simple Plan et les nombreux autres films noirs où des pigeons tentent de faire fortune facilement.

A Small Fortune sortira sur les plateformes numériques le 8 mai.